1 octobre 2012
De l’art à la rue

 

« Ils arrivent à Paris avec la crainte qu’on ne les jette au fond de quelque basse fosse ».  Emile Zola écrivit cela au XIXème siècle, racontant les craintes de ces homme et femmes qui avaient choisi une vie de nomade, sans port et sans attaches et qui inspirèrent les plus grand artistes qu’ils soient peintres-Manet, Renoir, Lautrec, Van Gogh, musiciens-Verdi, Bizet, Puccini ou écrivains et poètes -Vigny, Baudelaire, Rimbaud, Verlaine. Alors que les habitants des quartiers nord de Marseille ont chassé la semaine dernière, avec la bénédiction de la police,  des familles entières venues de pays de l’Est, les Roms, descendants de ces égyptiens qui comme Moise, Joseph ou Marie furent nomades avant d’être stigmatisés comme des voleurs, le Grand Palais offre une magnifique exposition retraçant depuis Leonard de Vinci, Cervantes, Georges de La Tour (ci dessus)  jusqu’aux Impressionnistes, la façon dont leur liberté fut retranscrite dans l’art. Liberté, toute relative avec ce carnet anthropomorphique qui fut obligatoire jusqu’en 1919 en France; remplacé par le carnet de circulation pour les gens de voyage qui va être discuté vendredi devant le Conseil Constitutionnel. En fevrier 2011, l’Assemblée nationale avait déjà rejeté  la proposition de loi mettant fin au traitement discriminatoire des gens du voyage, à l’époque portée par le groupe PS et Gauche démocrate. Un an après et malgré la victoire de la gauche, la situation est toujours aussi difficile pour cette population nomade qui a pourtant montré sa richesse tout au long des siècles. Et continue de produire des artistes de premier plan comme Bartabas ou Django Reinhard. Ainsi, malgré leur nationalité française, les gens de voyages restent-ils des citoyens de seconde zone, qui ne bénéficient pas du droit public, devant faire tamponner tous les trois mois leur carnet par les forces de police et privés du droit de vote s’ils changent de « commune de rattachement ». Enfin, elle impose des quotas maximum de « gens du voyage » par commune : pas plus de 3% de la population. Bref, des bohèmes que l’on préfère avoir en tableau que dans la rue et un vrai « parcours de peine » pour eux; reste une  richesse culturelle immense que Manuel Valls devrait avoir à coeur de découvrir avec cette exposition qui s’ouvre sur ce beau proverbe rom « Si tu ne sais pas où tu vas, souviens toi d’où tu viens ».

 

Par Laetitia Monsacré

 

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