2 juillet 2016
De la fosse d’Aïda à la chambre de Monsieur de Pourceaugnac

176173-monsieur-de-pourceaugnac-4-_-brigitte-enguerand

Très belle fin de saison à l’Opéra de Paris et aux Bouffes du nord avec, taille des scènes oblige, deux spectacles aux ambiances bien différentes. Côté Bastille, avec une jauge des plus conséquentes, Olivier Py offre une magnifique mise en scène injustement décriée lors de sa création il y a deux ans de Aïda avec un époustouflant module central,  100% or, qui tourne pour briller de mille feux et offrir un écrin à la hauteur de la voix magnifique de Sondra Radvanovsky laquelle évolue au sein d’une distribution au cordeau. Sur fond d’Italie fasciste où les cadavres symbolisés par des mannequins en tissu blanc s’entassent, de nationalisme et d’oppression des Ethiopiens par les Egyptiens, Olivier Py confirme son talent pour les mises en scène à l’esthétique renversante, aucun figurant n’étant dans cette production, la chose est rare, dévêtu…La direction musicale de Daniel Oren achève de rendre la soirée parfaite pour une salle quasi comble.

Un gentilhomme bien malmené

Il reste quelques places alors courrez aux Bouffes du nord qui accueillent jusqu’à mi-juillet un régal de comédie ballet de Molière et Lully, Monsieur de Pouceaugnac narrant la périlleuse montée à Paris d’un gentilhomme limousin pour se marier. Son élue étant amoureuse d’un autre homme, celui-ci mettra toute son inventivité à chasser l’opportun avec l’aide de ses amis. « Il pleut à Paris des femmes…et des lavements ! »; bigre, notre pauvre provincial ne croit pas si bien dire, avec deux prétendues épouses, l’une espagnole et « los frutos de nuestros uniones », l’autre parlant un patois redoutable face à ce pauvre homme qui subira les délires d’un docteur, les menaces d’un avocat et les assauts de gaillards lorsqu’il sera obligé de se travestir en femme. On rit à gorge déployée et l’on se délecte au son des dix musiciens de la troupe des Arts Florissants présents sur scène. Quant à Clément Hervieux-Léger, il signe une mise en scène du diable, avec vélo, Simca, transistor et autres trouvailles pour achever de rendre cette soirée épatante. De quoi donner envie de rester encore un peu à Paris…

LM

Articles similaires