19 mai 2013
De la difficulté

Difficile de parler du film Le passé  de l’Iranien Asghar Farhadi, révélé au grand public en 2010 avec La séparation. Car plus qu’une histoire, c’est une ambiance, un univers que ce réalisateur distille au long de ses longs métrages. Tout en douceur, en prenant son temps, il vous attrape la main et vous mène là où ses personnages veulent aller sans savoir eux-mêmes très bien où ils vont arriver. A travers des suspensions, des pampilles accrochées à l’arrière d’une voiture et qui tanguent, Asghar Farhadi réussit une magnifique métaphore de la vie de cette femme dure et douce à la fois, Bérénice Béjo et de son nouvel amour, Tahar Rahim, face à cet ancien mari iranien auquel elle a demandé quatre ans après son départ de revenir pour divorcer et la libérer. Joué par Ali Mosaffa, il va avec une humanité merveilleuse, une patience et intelligence généreuse tenter de gérer cette femme qui fut la sienne, le futur mari et sa rigidité douloureuse face à sa belle fille qui ne veut pas ce remariage, tout en souffrance. Il va ainsi devenir celui qui oeuvre entre la mère et la fille pour délivrer la seconde d’un lourd secret. Le déroulé est prenant, les seconds rôles aussi bien écrits que les premiers, les acteurs tous exceptionnels évoluant dans une banlieue française méconnaissable. La fin, elle, est à l’image du film-en équilibre et dans le doute au point de laisser le spectateur ne pas savoir vraiment s’il a aimé ou non le film… La chose est rare et assez magique.

LM

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