11 janvier 2016
David Bowie, la pop perd son pape

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« J’attends la mort comme un mendiant ». Elle est donc arrivée pour ses 69 ans, un cadeau d’anniversaire dont cet artiste iconique se serait bien passé. Nous aussi. Son testament est un album sorti ce vendredi 8 janvier, Black Star où l’ on retrouve sa voix difficilement qualifiable, tellement elle fut à l’image de Bowie: un caméléon. S’y ajoute un instrumentalisation issue du free jazz pour sept chansons, qui revêtent une dimension forcement spéciale depuis ce lundi matin, comme le troisième titre Lazarus: « Regarde là-haut, je suis au Paradis, J’ai des cicatrices que l’on ne voit pas, J’ai traversé de difficiles épreuves. Je me refuse de l’admettre. (…) Oh, je serai libre, comme cet oiseau bleu, Oh, je serai libre… » .

Libre de son corps tout comme son demi-frère qui l’avait initié à la musique avant de se suicider. Libre de cette enveloppe qui s’était abimée dès ses 15 ans, un coup de poing d’un camarade lui ayant transformé son oeil gauche, sans qu’il en veuille nullement à son auteur- il travaillera plus tard avec celui-ci, Georges Underwood devenu photographe sur ses premières pochettes de disques  comme Space Oddity et la pochette américaine de The Man Who Sold the World.

Éclectisme des plus grands

Faire du destin, une chance. Nul doute que cette première métamorphose imposée lui inspira ainsi son personnage et sa carrière protéiforme, Bowie étant un des rares artistes, dans la veine d’Andy Warhol, capable de passer de la musique au théâtre, de la mode au design et au cinéma; des femmes aux hommes, revendiquant sa bisexualité dès les années 70; du punk au glam rock avec à la clé, 140 millions au total d’albums vendus dans le monde; de la scène, la dernière remontant à 2006, à l’écriture de pièces comme Lazarus, s’inspirant du livre de science fiction-il en était passionné- de Walter Tevis, The Man Who Fell to Earth donnée actuellement à Broadway. Une richesse créative fascinante que le public avait pu retrouver dans une brillante exposition rétrospective « David Bowie is » montée à Londres au Victoria and Albert Museum en 2013 et que la Philarmonie de Paris avait reprise en partie en mars 2015.

Reste aujourd’hui des sons, des images et l’impression que ce mois de janvier 2016 nous prive décidément d’un peu trop d’artistes auxquels on aurait volontiers fait un bis.

par Laetitia Monsacré

 

 

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