Un peu avant le bac philo, Boris Charmatz a lancé la saison des examens le week-end dernier. Ce chorégraphe, directeur du Musée de la danse de Rennes a en effet organisé avec le Théâtre de la ville la troisième édition du concours Danse Elargie les 13 et 14 juin dernier. Une vingtaine de projets, sélectionnés parmi plus de 300 provenant de 40 pays, ont été proposés devant un jury de professionnels venant de tout bord, comme la chorégraphe Matilde Monnier ou le metteur en scène Thomas Ostermeier. Le mélange des genres correspondait bien à l’idée initiale Boris Charmatz, inspiré par l’esprit gentiment foutraque du Concourt de Bagnolet des années 1980.
Deux règles imposées aux artistes: être minium trois sur scène et danser dix minutes. Libre ensuite aux artistes de trouver le bon équilibre entre leur ambition et la durée imposée, en évitant de proposer un simple extrait de spectacle ou à l’inverse une ébauche d’idée. Voir les choses bouger proposait ainsi le mouvement de plusieurs cylindres motorisés reliés deux à deux, avançant sur une scène parsemée de petites sphères scintillantes qu’ils aimantaient. Si l’idée était efficace, elle manquait un peu de souffle même sur 10 minutes. De même ce cosmonaute arrivant sur un terrain lunaire créé avec un simple rectangle de tissu éclairé par un spot était une réussite, avant que le spectacle s’échoue sur un discours inattendu et politiquement simpliste.
Alors qu’aucun projet ne s’est imposé, le jury a au final privilégié la place faite à la danse. Ainsi, sans être le plus poétique, le projet TYJ se détacha du lot, remportant d’ailleurs le Prix du public; après le malaise provoqué par What you need to know- autour des armes, avec invitation faite à un spectateur de tirer avec un revolver sur les danseurs (second prix), c’est le projet Aerobics ! mené par une troupe allemande qui a finalement reçu le premier Prix doté de 15 000 euros. Ce projet plus classique mettait en scène cinq danseurs en tenue lycra colorée, découpant méticuleusement l’espace en s’inspirant de mouvements d’aérobic. Légèreté et musicalité, la répétition de ces gestes d’un kitsch consommé par une troupe imperturbable s’est avérée particulièrement drôle.
Au vu de la liberté des projets et de l’enthousiasme du public, Boris Charmatz et Emmanuel Demarcy-Mota, directeur du Theatre de la ville, ont en tous les cas réussi à créer un évènement original et ludique. Il faut espérer qu’une quatrième édition verra le jour en 2015.
Par Florent Detroy