3 avril 2015
Danger et responsabilité publique

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De Vélazquez à Poussin, la semaine aura été à la sidération. Et au « rubber necking » devant sa télévision. L’expression est américaine; elle veut dire » tourner la tête », comme sur l’autoroute lorsque l’on voit un accident sur la voie opposée, qualifiant ce mouvement de curiosité malsaine auquel on ne peut résister. Mardi 24 mars, vernissage presse du grand maître espagnol que le roi d’Espagne ne verra pas, Andreas Lubitz en ayant décidé autrement. Mardi 31 mars, l’exposition Poussin et Dieu accueille les journalistes dans un Louvre désert en cette journée hebdomadaire de fermeture. Du côté des Alpes de Haute Provence, la colère gronde; les dirigeants de la Lufthansa sont conspués. Un meurtrier nous dit-on. La chose est pourtant bien plus complexe. Une grave dépression vous fait préférer la mort à la vie- pour vous et pour les autres; et de ne pas abandonner à cette vie qui ne vaut la peine d’étre vécue ni ses enfants ou… ses passagers.

Ça commence au coin de la rue

Le drame est ailleurs que dans ce que d’aucuns sont déjà prêt à qualifier d' »homicide volontaire ». Il s’agit pourtant ici bien plus de « non assistance à personne en danger ». Les médecins, les proches, les amis, le pilote, la compagnie, chacun a sa responsabilité dans ce drame. Il est ici retentissant à l’échelle de la planète mais existe au quotidien au coin de la rue comme ce lundi dernier où en plein Paris, un conducteur de mini bus chargé d’enfants handicapés roulait comme un chauffard. J’ai mis mon scooter en travers de sa route pour lui dire combien son comportement était dangereux; un autre automobiliste a hésité à faire de même, pourtant victime d’un dépassement par la droite et d’une queue de poisson. La citoyenneté et l’aide à son prochain commence là. Pas en fustigeant le destin et en accusant plus tard devant sa télévision.

Par Laetitia Monsacré

 

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