15 septembre 2013
Laurent Goumarre/ Culture libre

Il a troqué une brune contre une blonde; toujours pris en sandwich par C à vous sur France 5, Laurent Goumarre revient cette semaine avec son Entrée libre, rendez-vous quotidien de 20 minutes pour « respirer » la culture. Pour ce jeune garçon asthmatique qui a grandi dans le Vercors,  celle-ci a en effet été très vite « vitale ». Les livres, la musique, la télévision et chaque semaine la lecture de Pariscope même si Paris et ses spectacles étaient très loin… Après être passé par la case « prof de lettres », avec une affectation l’obligeant à prendre le train matin et soir-« je voulais que la situation reste inacceptable pour ne pas être tenté de m’y installer »– il va alors écrire au gré des occasions pour des revues aussi diverses que Détective ou Art Press. Faire sa place… Quand tous les journalistes se battent pour les rubriques cinéma ou théâtre, ce sera donc pour lui « danse contemporaine », un domaine laissé-pour-compte et une discipline à laquelle il donnera des ailes en accompagnant toute une nouvelle génération de chorégraphes alors inconnus comme Jérôme Bel, invité cet été dans la Cour d’honneur d’Avignon. Voilà qui lui vaudra rapidement un émission sur France Culture à l’époque de Laure Adler, devenue depuis six ans un rendez-vous quotidien, tous les soirs à 19 heures où les techniciens d’un film ont autant de temps de parole que le réalisateur. L’enjeu? S’affranchir du publireportage qu’est trop souvent le traitement par les médias de la chose culturelle. La même volonté anime depuis deux saisons Entrée Libre, suivie chaque soir sur France 5 par une moyenne de 300 000 téléspectateurs à l’heure où les autres chaînes donnent dans la grande messe de l’information. Sans doute la récompense d’une honnêteté que l’on devine aussi bien à l’antenne que lorsque l’on est face à lui, preuve vivante que l’on peut réussir à la télévision en ayant su garder un égo mesuré…

Quelle est la meilleure soirée possible pour vous? Du théâtre, du cinéma, de l’opéra?

C’est d’être chez moi en train de lire un livre, la télévision allumée. Je regarde tout et n’importe quoi… Sinon, c’est d’aller au théâtre qui est pour moi la plus grande source d’émotion visuelle, notamment avec des auteurs comme Pascal Rambert ou Joël Pommerat. Il me semble que l’effervescence que j’ai pu connaître autrefois dans la danse contemporaine est passée dans ce théâtre-là. Dans tous les cas, j’ai besoin d’une dramaturgie, vous ne me verrez jamais assister à un concert…

Pas d’invités en plateau, pas de chroniqueurs, vous avez cassé les modèles télévisuels avec Entrée libre...

Des invités, il y en a avant et après (dans C’est à vous). C’est vrai que cela n’est pas évident de lancer un sujet seul face à la caméra, de se « lâcher » mais c’était la volonté de la chaîne dès le départ. Quant aux chroniqueurs, ils ont selon moi fait leur temps… On refuse également dans l’émission d’être « pour » ou « contre »; si par exemple on n’a pas aimé un film, on va s’efforcer de trouver un thème qui nous permet de l’aborder sans en parler directement. Reste qu’après deux saisons, l’émission a aujourd’hui acquis une bonne réputation et qu’après avoir dû faire nos preuves, on a de moins en moins de refus pour tourner nos sujets.

Que recherchez-vous avant tout face à un invité?

Qu’il se surprenne lui-même. Je n’ai par exemple pas peur de poser des questions qui sont personnelles. Je cherche également dans cet exercice où très souvent les artistes enchaînent les interviews, à avoir ce que les autres journalistes n’ont pas eu, en évitant toujours que celui que j’interviewe s’installe dans la parole. Dans ces cas là, je pose une autre question; une sorte d’art de la coupure en somme, comme dans l’analyse lacanienne…

A raison d’une séance par soir, plus une le samedi cette troisième année, il semble que cela plaise au téléspectateur. Format court, sans perte de temps comme cet entretien avec les couverts et le stylo à manier en même temps. Laurent Goumarre est lui, déjà attendu ailleurs, habitué à faire bref et qu’avec lui, les choses restent en suspens pour que l’on ait envie d’y revenir. Voilà qui est plutôt bien venu pour une quotidienne…

Par Laetitia Monsacré

Entrée libre du lundi au vendredi à 20 heures 15 sur France 5- spéciale Jean Cocteau le 4 octobre

 

 

 

 

 

 

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