19 juin 2012

Il était très précisemment 1h48 du matin et je ne dormais pas. J’étais dans mon lit, sans doute commençant à m’assoupir lorsque je l’entendis. Au début, il me parut que c’était des aboiements de chien. A part le mien, il n’y a qu’un yorkshire chez mes concierges, cela ne pouvait donc être lui. Ma chambre donnant sur la cour, il ne pouvait non plus s’agir d’un chien dans la rue ou alors le bruit venait-il de la cour voisine. Puis, le doute ne fut plus possible, surtout les sons se faisant plus rapprochés les uns des autres jusqu’au dernier, plus sonore et plus long. Une femme venait de jouir, bruyamment dans cet immeuble pourtant très discret…Très vite, je faisais un état des lieux de celui-ci, ayant en un instant touché à quelque chose de terriblement intime alors que seul le roulis des poubelles le matin, la porte qui s’ouvre ou se ferme et les voitures qui rentrent, rythmaient jusqu’à présent notre quotidien bourgeois, voir aristocrate vu le peu de résidents, deux étages, deux appartements par palier puis les chambres de bonne au dernier. Ainsi cela devait-il venir de l’une d’elle, les étages « nobles » étant occupés par une fille vivant chez ses vieux parents-pas évident de recevoir, un couple étranger dont la chambre était sur la rue et les deux derniers appartements qui, au vu des mines pincées des deux épouses,  laissaient peu imaginer qu’un miracle pu survenir entre elles et leur mari.  Ainsi songeais-je, voilà qui était la  revanche des petits sur les grands, des riches sur les pauvres, car pour qui l’avait entendu, il y avait de quoi faire envie…Je repensais alors , allongée seule dans mon lit, à ce voisin à deux immeubles que j’avais il y a quelque jours éconduit. Invité à prendre un verre chez lui, j’avais trouvé ses tableaux si laids que je m’étais imaginé qu’un homme avec un tel goût devait nécessairement être un mauvais amant. En tous cas, cela avait mis fin à toute position horizontale qui eut pu intervenir entre nous. Il n’empêche, j’étais un peu émoustillée. Je me suis alors levée et été cherché un livre. Non, cela ne marchait pas. J’ai alors mis le clavier bien tempéré de Bachque je l’accompagnai d’ un Saint Emilion qui tînt toutes ses promesses. Le palais et les oreilles en extase, je m’endormis en songeant que l’on trouvait en ce bas monde les jouissances que l’on pouvait.

Par April Wheeler

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