16 octobre 2011
Circulez, y’a pas grand chose à voir

« Pour les interviews, j’ai bloqué la porte ».  Maiwenn ne répond plus aux questions et c’est tant mieux. Après l’ouragan médiatique de « La Guerre est déclarée », le plan média de « Polisse » tourne à l’indigestion.Tous deux auréolés d’une sélection à Cannes- la semaine de la critique pour le premier, la compétition pour le second, ce que l’on appelle le « buzz » était déjà là avant même leur arrivée sur les écrans. Une rumeur bienveillante pour le film de Valérie Donizelli, un Prix du Jury pour celui de Maiwenn, bref les médias étaient bien « chauffés » au point de donner au public l’impression d’avoir déjà vu le film. Combien d’émissions, de pages pour entendre ces deux réalisatrices dirent que oui, cela s’inspire de leur vécu et que non, ce n’est pas un récit entièrement autobiographique. A bout de course et de force, il fallait ainsi voir Valérie Donizelli dans l’émission culturelle de France 2 « Avant Première » pour réaliser à quel point l’exercice de promotion peut devenir répétitif et lénifiant. Et combien de films sortis en même temps aurait eu besoin et mérité d’avoir  ces précieuses minutes d’exposition, nous mettant au passage à l’abri de l’overdose. Le résultat? Des attentes chez le spectateur qui finissent par être tellement « surgonflées » que l’on sort de la salle déçu. Ah bon, c’était donc cela? Beaucoup de bruit pour rien…Une déception qui ne retire en rien les qualités du film, oui mais voilà, la mariée arrive trop maquillée à l’autel. Ainsi en est -il de Polisse qui rend compte courageusement de la vie de la brigade des mineurs, à mi parcours entre documentaire et fiction. Et c’est dans cet équilibre fragile que le bât blesse, les liaisons étant trop faibles pour vous emmener dans le récit; bien sur on est ému devant ces scènes de rafle ou d’enfant que l’on sépare de sa mère mais que dire de ces dialogues plaqués-la plupart du temps en dessous de la ceinture ou de ces clichés comme l’histoire d’amour sans queue ni tête entre Maiwenn et Joe Starr. Les personnages sont ainsi effleurés, jamais creusés et au final, lorsque la flic jouée par Marina Fois saute par la fenêtre, personne et surtout pas la réalisatrice ne sait pourquoi. Entre temps vous aurez eu le droit de voir un foetus sur une table d’hôpital sans aucune préparation-chose que la Palme d’or du 60ème Festival de Cannes, le film  « 4mois , trois semaines, deux jours »sur le thème de l’avortement, avait talentueusement évité. De quoi certainement choquer le public qui lui a pourtant offert le meilleur démarrage d’un film dans l’année et sur la durée, éloigner certains pour longtemps des salles obscures, avec cette idée que l’on ne peut décidément pas croire les journalistes quand ils vous disent d’aller voir un film. Ou pas.
LM

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