1 février 2014
François Cavanna/ Ciao Stronzo

Francois-Cavanna-930X620_scalewidth_630 « Au moins t’aura pas à torcher le vieux ». Voilà comment Charlie hebdo s’amuse cette semaine du soutien que Bernadette a apporté à Valérie T. Est-ce la dernière couverture que son fondateur, François Cavanna ait vue? Le voici donc, en ce mois sinistre qu’est janvier, parti emmerder le bon Dieu. Parce que c’est sûr, le Rital auquel il a laissé plus que le temps de s’exprimer sur terre -90 ans et une cinquantaine de livres publiés- n’aura pas sa langue dans sa poche s’il se retrouve face à lui. Il ne l’a jamais eue d’ailleurs, depuis son enfance à Nogent sur Marne, fils d’un terrassier italien et d’une femme de ménage. Là il subira le racisme réservé aux rejetons d’immigrés et découvrira la passion pour la littérature, véritable échappatoire à la pauvreté intellectuelle et réelle,  qu’il racontera dans Les Ritals. La guerre, le STO dans une usine d’armement à Berlin, la faim, la souffrance et les humiliations de ceux qui ne furent «  ni des héros ni des traîtres », et voilà un autre livre qui remportera le prix Interallié en 1979,  Les Russkoffs. Entre temps, Cavanna l’écrivain aura découvert le dessin dans le magazine Zéro puis avec Hara Kiri «  journal bête et méchant » dont le titre fait référence au sacrifice des samouraïs japonais, « sommet de la connerie » pour ce patron irrévérencieux.

Coeur de lion

On est alors en 1960, avec un ancien général à la tête de l’Etat français, le général de Gaulle, qui pratique la censure télévisuelle et comprime toutes le velléités libertaires des jeunes avec les lois sur la protection des mineurs. Avec un oeil infaillible et une générosité que tous aujourd’hui soulignent, Cavanna va donner leur chance à une génération de dessinateurs de talent, Topor, Gébé, Cabu, Reiser, Wolinski, autant de trublions provocateurs qui jouiront dans ses colonnes d’une liberté totale de leurs mots et de leurs dessins. Il y aura du pipi caca, du vomi mais aussi toute une réflexion critique et salutaire autour du militarisme, de la société de consommation avec ce désir avant tout de lutter contre le politiquement correct. L’humour comme « coup de poing dans la gueule », voilà ce que Cavanna avait inventé, lui qui fut par ailleurs tenté de se pendre pour ne pas choisir entre deux femmes, perdit sa petite fille des suite d’une overdose et fut frappé de la maladie de Parkinson. La vie est rarement tendre avec les lions…

LM

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