17 août 2013
Centre Pompidou/ Hantaï à l’honneur

Pas facile de rivaliser sur les cimaises du centre Pompidou avec Lichtenstein…Simon Hantaï, peintre naturalisé français  d’origine hongroise fut pourtant le père de l’abstraction, avec dans les années 60 ses toiles réalisées selon une méthode bien précise: jeter la couleur sur une surface préalablement pliée, afin d’en extraire diverses formes et contrastes ce qui lui vaudra le titre de plus grand coloriste du XXème siècle : à chaque série de peintures correspond un mode de coloration particulier, les plus connues étant Catamurons, 1963, Études, 1969, Blancs, 1973-1974, Tabulas, 1973-1982. L’exposition, revient ainsi grâce à un documentaire sur cette technique qui s’inspire notamment des papiers découpés de Matisse. Période surréaliste, puis de « all over » à la Pollock en combinant une peinture négative (le trait est obtenu par enlèvement de matière) et une peinture gestuelle puissante, rappelant celle de Georges Mathieu. Très vite reconnu et célébré, avec une première rétrospective en 1976  au Musée national d’art moderne de Paris, il s’interroge dès cette année là sur la place de l’art dans la société et sur son propre rôle face à l’économie triomphante du marché de l’art, vilipendant  « un marché aux puces généralisé et d’amusement ». Six ans plus tard, il choisira le retrait complet, les expositions réalisées se faisant en dépit de sa volonté et sans sa participation. Il peindra encore jusqu’en 1985, son atelier parisien s’emplissant d’une multitude de peintures qui ne seront jamais montrées. Proche des  philosophes Gilles Deleuze ou Jacques Derrida, il entreprend alors un travail réflexif, enterrant certaines de ses œuvres dans son jardin -il les exhumera 10-15 ans plus tard, en détruisant d’autres en signe de refus à la marchandisation de son travail à moins qu’il ne les découpe comme la série des  Laissée. Cinq ans après sa mort, la plupart de ses toiles se vendent dans les plus grandes maisons d’enchère, confirmant qu’il est aujourd’hui impossible de s’extraire du mercantilisme…Reste son oeuvre à découvrir sans tarder.

Simon Hantaï-rétrospective au Centre Pompidou jusqu’au 2 septembre

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