Cendrillon notre soeur

Un piano, quelques fauteuils sur un plateau presque dénudé, Thierry Thieû Niang a voulu transposer avec des décors et des costumes d’aujourd’hui l’atmosphère d’un salon littéraire et musical du dix-neuvième siècle, comme celui de Pauline Viardot qui recevait la fine fleur des artistes romantiques –Musset, Chopin, Delacroix, Berlioz, Wagner… Dans un prologue assez long, la célèbre cantatrice incarnée par la comédienne Marie Brunel ponctue les extraits de sa correspondance d’airs de son cru assaisonnés d’un peu de Chopin et de Gounod et qu’elle confie à de jeunes chanteurs, ses invités, qu’elle présenterait à un public choisi. Tout l’esprit de l’Académie initiée cette saison par l’Opéra Comique se trouve là, permettant à des interprètes de la nouvelle génération de faire leurs armes sur scène en même temps que la promotion d’un répertoire négligé, pourtant au cœur de celui de Favart pendant des décennies (souvenons-nous de la Ciboulette de février dernier).

Un unique piano

Et notre patience pendant ce préambule développé trouve sa récompense avec une Cendrillon délicieuse et décalée que Pauline Viardot composa à quatre-vingt-trois ans. Car la sœur de la Malibran fut aussi une fine compositrice, qui dans cet opéra de chambre inspiré par le conte de Perrault se souvient autant de Chopin disparu cinquante ans plus tôt qu’elle  s’inspire de Massenet, son contemporain. C’est si bien fait que l’on en oublie que l’orchestre se réduit à un seul piano. Pendant le « Bal », la Fée Magali Arnault Stanczak nous étourdit avec une version d’Ah vous dirais-je Maman ivre d’aigus stratosphériques empruntée à Adam, l’auteur de la fameuse musique de Giselle. On repart enchantés par un spectacle sans prétention, servis par des interprètes aussi investis qu’au fait du style français – particulièrement les femmes. Preuve que l’émotion et la réussite d’un spectacle lyrique n’est – heureusement – pas proportionnel à son budget…
GC
Cendrillon, à l’ Opéra Comique, du 17 au 19 avril 2013

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