9 septembre 2012
Célèbre, Pour quoi?

Nombre de films de cette rentrée sont-en l’absence de bons scénarios?- les adaptations plus ou moins réussies de livres; Le Vent dans les mollets, petite merveille totalement « barrée » qui a su rencontrer son public, Ce que le jour doit à la nuit, 2h40 traité comme une vulgaire fiction TV sans aucun parti pris cinématographique par son réalisateur Alexandre Arcady, Le Magasin des suicides, de Patrice Leconte qui aura grand mal à rencontrer son public tout comme Superstar qui apparait-et c’est vraiment dommage- comme l’échec de cette rentrée. Sorti le 29 aout, on se demande si le soleil, les vacances qu’on prolonge ou la rentrée qu’on prépare sont les raisons pour lesquelles ce film de Xavier Giannoli, adapté du formidable livre de Serge Joncour, l’Idole, n’a pas su rencontrer son public. Il y a pourtant dans ce film présenté à la Mostra de Venise, une formidable satire de notre société dans ces excès. Premières images, une « meute » de motards, de caméras, de photographes sont là, à guetter, prêtes à fondre comme une nuée de mouches sur Martin Kasinski, anonyme parmi tant d’autres, joué par Kad Merad, hagard, air de chien battu-excellent. Pourquoi? Pour quoi? Il n’ a rien fait pour « mériter » cela; il est juste un brave type qui prend le métro le matin pour aller bosser dans un entrepôt avec des ouvriers handicapés. Oui, mais voilà, un jour, les gens dans son wagon  commencent à le photographier avec leur portable. Internet, le buzz, Martin est devenu en quelques jours une star en toc, malgré lui, perdant son job et obligé de prendre des taxis, avec cette foule qui telle une ogresse, va l’aimer puis le dévorer. La sollicitation avec toute sa dimension « oppressive » est parfaitement montrée ici. Martin est devenu une marchandise qui appartient à tout le monde, un véritable cauchemar pour lui et pour toutes ces stars qui n’échappent plus à ce public qui en veut toujours plus. « Il est venu pour nous punir, comme un messager » dit le personnage de la journaliste télé, impeccable Cécile de France. A travers elle, le monde des médias en prend pour son compte dans sa course à l ‘audience et sa perversion. Sa vacuité aussi lorsque les caméras n’ont rien d’autre à filmer que cette nouvelle star en train de se faire des pâtes. A cela,  Martin répondra par un cri, réponse universelle et sans appel. De quoi faire de lui un héros, et un produit marketing dont la difficile gestion lui échappera. « Ce sont les salauds qui ont tout compris ». Martin, le pur, l’apprendra à ses dépends, rendu fou par cette société qui l’est aussi devenue. Et vous brise si vous ne jouez pas le jeu. A méditer.

 

Par April Wheeler

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