6 avril 2012
Cate, la magnifique

« Ça pourrait s’arrêter  là » . Voilà ce qu’ un monsieur a lâché sitôt l’ entracte annoncée. Plutôt dire que ça aurait pu ne jamais commencer… Il y avait pourtant foule au Théâtre de la Ville pour ce « Big and small »de Botho Strauss, avec-signe des grands soirs- une dizaine de personnes avec une  affichette  » cherche place ». Il faut dire que pendant une semaine, c’ est l’ occasion de voir sur scène pour le public parisien, une des plus grandes actrices actuelle américaine, Cate Blanchett, là devant vous, en chair et en os, dans un vrai rôle. Et si la pièce est plus que discutable-genre théâtre alternatif ou expérimental-ce qui revient à peu près la même chose- entre,  une obèse qui se fait un « fix » sur scène, un travesti qui défile en robe « Lagerfeld », un homme qui se fait branler ou des dialogues affligeants via un interphone  d’ immeuble, la comédienne est tout simplement d ‘une présence magnifique; la diction parfaite, son beau visage d’une mobilité époustouflante, elle occupe l’ espace dès le premier instant, dès lors que,   dans cette paire de chaussures qui accueille le public, la lumière une fois rallumée, elle s’ est glissée dedans. Assise, se tortillant seule devant le public avec pour unique accessoire un verre et une paille, elle est magistrale de maîtrise ou d’abandon tantôt surjouant avec naturel-si, si c’est chez elle possible, capable de donner vie à ce texte sans aucun intérêt. Son grand corps fin se plie, se tord, ses traits fins et parfait s éclairent, sa belle voix grave de tragédienne s élève devant un public un peu désarçonné mais conquis. Magicienne du jeu, elle est « au service » de son personnage de femme barrée, Lotte, au point que l’ on ne voit qu’ elle. On se met alors à imaginer ce que ce serait de voir cette tragédienne née dans Shakespeare…Et de rêver à ce qu’ aurait pu être alors la soirée.

LM

Au Théâtre de la Ville jusqu’au 8 avril-2oh30

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