16 août 2013
Ça sent la rentrée…

Après la cour des miracles de Juillet à Avignon, voilà que se profile la rentrée 2013 qui annonce du bankable en veux-tu, en voilà avec nombre de comédiens classiquement etiquettés « cinéma » qui débarquent sur les scènes des théâtres privés parisiens pas vraiment prêts à prendre en ces temps difficiles des risques. Alors pour des bijoux comme Marie Tudor donné à guichets fermés dans la Cité des Papes, nulle salle encore tandis que les comédiens de théâtre pourront aller pointer aux Assedic…Mathilde Seigner et François Berléand n’ont eux pas eu de mal à trouver salle à leur pied grâce au Théâtre Edouard VII et son directeur Bernard Murat, qui habitué aux stars-Patrick Bruel, Johnny Hallyday, Pierre Arditi, met en scène Nina, une comédie « romantique » dès le 6 septembre tandis que le duo improbable Cristiana Réali et Stéphane Guillon se formera dans La Société des loisirs au Petit Théâtre de Paris à partir du 17 septembre. Autre belle affiche, Daniel Auteuil et Richard Berry qui donneront la réplique à Didier Flamand dans Nos femmes au Théâtre de Paris tandis que Marianne James sera  seule en scène au Théâtre Rive Gauche où elle sera Miss Carpenter mise en scène par le propriétaire des lieux, Eric-Emmanuel Schmitt-on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même.

Zeller, Sthers, Dorin, dans le privé, que du neuf…

Nicolas Briançon revient quant à lui avec Mensonges d’Etat à la Madeleine sur un épisode historique avec  l’opération Fortitude visant à tromper Hitler sur le lieu et la date du débarquement joué par Samuel Le Bihan, Marie-Josée Croze, Michaël Cohen tout comme Fabrice Luchini qui reprend au Théâtre Antoine, la pièce de Florian Zeller, Deux heures de tranquillité. La dernière pièce d’Amanda Sthers, Mur, avec Rufus et Nicole Calfan en voisins se livrant à une guerre amoureuse, sera donnée comme ses précédentes  pièces au Petit Théâtre de Paris, alors que dans Ensemble et séparément, Jean Piat et Marthe Villalonga se donneront la réplique dans ce dernier texte de Françoise Dorin à la Comédie des Champs Eysées.

Côté classique, La Locandiera de Goldoni sera à l’affiche à l’Atelier avec dans le rôle de l’aubergiste courtisée par ses clients, la magistrale Dominique Blanc; Ludmilla Michaël fera elle son grand retour avec le Norvégien Jon Fosse et sa pièce Et jamais nous ne serons séparés, au Théâtre de l’Oeuvre.

Schmitt, encore et toujours …

Au Théâtre du Rond Point, c’est avec une comédie musicale, Anna, écrite par Gainsbourg pour Anna Karénine qu’on découvrira Cécile de France. La trop rare Anne Brochet sera elle l’épouse de Jacques Weber au Théâtre Montparnasse dans La Dame de la mer, pièce assez austère du suédois Henrik Ibsen revue et corrigée par l’incontournable Eric-Emmanuel Schmidt, qui signe également le texte de The Guitrys avec Claire Keim et Martin Lamotte en Yvonne Printemps et Sacha Guitry, couple flamboyant de l’entre-deux-guerres – c’est à se demander ce que serait le théâtre privé s’il n’existait pas….Au Théâtre La Bruyère, un autre couple flamboyant, au destin néanmoins plus tragique,  Zelda & Scott, l’aventure des Fitzgerald sera joué par la délicieuse Sara Giraudeau et Julien Boisselier. Plus léger,  Le plus heureux des trois avec Arthur Jugnot et Jean Benguigui et le trio cher à Labiche- le mari, la femme et l’amant sera à découvrir au Théâtre Hebertot tandis que Pierre Palmade reviendra dans sa nouvelle pièce au Théâtre Saint-Georges avec Le Fils du Comique et son personnage fétiche, Pierre Mazar, qui veut un fils. Dans le même registre comique Michel Aumont et Claire Nadeau  joueront Mon beau-père est une princesse au Théâtre du Palais-Royal, offrant du rire et de la légèreté à un public qui plébiscite résolument ce genre comme l’ont montré les files d’attente au dernier festival d’Avignon.

Et du lourd avec Handke, Chéreau et Pommerat pour le public

Si le privé offre du rire, le public tient la barre avec des auteurs exigeants comme le toujours très inspiré Joël Pommerat qui, après son implacable Réunification des deux Corées aux Ateliers Berthier aura les honneurs de la salle place de l’Odéon dès le 19 septembre avec Les Marchands, pièce écrite en 2006 où il est question d’aliénation au quotidien, « de temps trop vide ou trop plein selon que l’on a ou non un emploi ». Pour ceux qui ne l’ont pas vu dans la Cour d’honneur du Palais des Papes, Par les villages de Peter Handke, mis en scène par Stanislas Nordey sera à la Colline à partir du 5 novembre avec les lumineuses Jeanne Balibar et Emmanuelle Béart dans cette histoire d’un homme qui devenu écrivain, retourne sur le lieu de sa naissance. Parti depuis longtemps, il ne reconnaîtra plus le paysage de sa vallée, métamorphosé par la vie moderne.

Podalydès, star du Français

Quant à la Comédie Française, elle sera trustée toute cette saison par Denis Podalydès qui jouera le rôle-titre de Hamlet de Shakespeare sous la direction de Dan Jemmett du 7 octobre au 12 janvier et mettra en scène Lucrèce Borgia  avec Guillaume Gallienne dans le rôle-titre en mai prochain. La salle Richelieu accueillera également Psyché, comédie-ballet de Molière et Corneille en décembre et Le Misanthrope revisité par Clément-Hervieu-Léger avec Loïc Corbery en Alceste en avril. La patronne des lieux, Muriel Mayette  montera elle-même Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare en février 2014, ce qui fera sans doute des économies en cette année de restrictions budgetaires historiques. L’autre salle du Français, Le Vieux Colombier présentera L’Anniversaire de Pinter revisité par Claude Mouriéras et Le Système Ribadier de Feydeau, mis en scène par Zabou Breitman avec Laurent Lafitte. Enfin, le Studio-Théâtre, programmera La Fleur à la bouche, de Pirandello, mise en scène par Louis Arene (à partir du 26 septembre 2013) et La princesse au petit Pois, le conte d’Andersen en parallèle à de nombreuses reprises comme Un fil à la patte, version Jérôme Deschamps, le formidable Chapeau de paille d’Italie, ou encore le Don Juan, de Jean-Pierre Vincent. Alors, à vos marques, partez…

AW

 

 

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