14 mars 2012
Ça repart et ça revient

Claude François n’a pas pas fêté ses 40 ans. Il n’est pas non plus retourné en Egypte. Une ampoule imparfaite a eu raison de lui; de sa maniaquerie hallucinante qui lui pourrissait sa vie et y a, de fait, mis un terme.

Depuis des jours, son fantôme nous poursuit partout, sur les affiches, à la télévision, le battage médiatique est à son maximum autour de ce film à gros budget, ce biopic comme on les apelle. Après Piaf et Marion Cotillard, Elmosnino et Gainsbourg, Hoover et Di Caprio et en attendant Marilyn, voilà donc Clo Clo, l’idole de toute une génération. Un petit garçon né en Egypte et dont le père est Directeur du Canal de Suez. « Plus tard, tu feras comme moi » lui disait-il. L’histoire en décidera autrement. L’exil brisera son père; mort-vivant à Monaco, il reniera ce fils qui veut chanter et mourra sans vouloir lui reparler. Les débuts seront difficiles, la rivalité avec Johnny immédiate mais Claude tiendra bon pour arriver à la suite que l’on connait. Deux heures et demi durant le film de Florent-Emilio Siri déroule cette vie avec une réelle efficacité-on ne voit pas le temps passer. A cela deux raisons: d’abord Claude François ne fut pas célèbre par hasard-il était juste extra-ordinaire. Son talent, sa force de travail, sa façon de se renouveller, de saisir l’air du temps, on est captivé, et en plus ému, heureux de réentendre toutes ses chansons qu’on danse et chante encore. Car si Mozart est le plus grand mélodiste du monde, Clo Clo ne fut pas, deux siècles plus tard, en reste. La seconde raison qui fait la réussite de ce film, c’est la performance fascinante de Jéremy Rénier. Il ne joue pas, il est Claude François.

Pas de stars pour vampiriser les personnages

La ressemblance est absolument fascinante et le résultat de cinq mois de travail avec quatre coach, un pour la danse, un pour le chant, un pour le rythme et un pour l’aspect physique…De quoi transformer avec succès cet acteur belge qui passe des frères Dardenne à l’assassin dans l’affaire Flactif actuellement au cinéma avec la même aisance qu’il endosse les cinquante costumes fait sur mesure de ce film grand public. Le voir bouger sur ce tempo si particulier tout le film durant est tout simplement exceptionnel comme s’il était entré dans la peau,  mais plus important encore, dans le rythme du chanteur-danseur. Qui plus est également entrepreneur avec un magazine, une agence de mannequin- rien ne l’arrêtait. Sa drogue? La scène et se sentir aimé, si besoin est, physiquement avec des admiratrices de passage. Jaloux, possessif, il n’était pas facile de partager sa vie. Aussi exigeant avec lui qu’avec les autres, travailler avec lui, c’était aussi accepter ses colères, se faire virer puis qu’il vous offre une montre pour vous récupérer.

Le casting réunit aux cotés de Jérémy Rénier, Benoit Magimel, méconnaissable et formidable dans le rôle de Paul Lederman, manager génial; sinon, nulle star  pour jouer France Gall ou Isabelle, la mère de ses deux enfants. Rien qui ne puisse vampiriser les personnages auxquels acteurs et actrices prêtent leurs traits. Cela donne une force au récit là encore remarquable et un film dont on sort avec la pêche tout en se disant que ceux qui marquent leur époque en payent toujours le prix.

Par Laetitia Monsacré

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