20 avril 2012
Brahms à la sauce catalane

C’est avec le Palau de la Musica de Barcelone que The Melomaner initie une série consacrée aux grandes salles de concert européennes. L’édifice niché dans le quartier San Père -Saint-Pierre- à deux pas de la Plaça Catalunya et dessiné par Lluís Domènech i Montaner constitue un des exemples les plus éclatants du modernisme catalan de part l’extrême richesse de sa décoration – mosaïques, sculptures, immense verrière au plafond feraient presque pâlir Gaudi – et est inscrit au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1997. Le projet a été initié au tournant du vingtième siècle par l’Orfeo catalan, association organisatrice de concerts, comme il en existait souvent à une époque où la subvention publique n’était pas l’usage, et dont le plus fameux témoignage reste celle du Musikverein de Vienne – là d’où est retransmis le concert du Nouvel An en Eurovision…

Un Requiem allemand entre austérité luthérienne et accent méditerranéen

Et c’est ce même organisateur, l’Orféo català, qui a invité Christoph Spering et Das Neue Orchester, avec le Chorus Musicus de Cologne et la Société chorale de Bilbao pour Un Requiem allemand de Brahms. Le chef allemand s’est fait une spécialité du répertoire du début du XIXème, débuts du romantisme, et c’est avec ce même soin à la matière orchestrale qu’il approche le chef-d’œuvre de Brahms, en soulignant ainsi l’austère recueillement qui le distingue. Le souffle et l’éclat sonne parfois un peu court, mais cela a le mérite d’éviter tout pathos hors de propos. Si les solistes –Eva Mei, soprano très en court dans les opéras germaniques, et Josep-Miquel Ramon –  se distinguent par leur souci du style, il faut bien admettre que les efforts des choristes espagnols laissent malgré tout une trace d’exotisme dans la prononciation de la langue de Goethe, qui altère parfois la clarté de la diction, alors même que la mise en place frappe par sa netteté – le renfort germanique peut-être ? Mais cela ne nous empêche de sortir transformés par cette heure de musique sublime, après laquelle tout aurait été superflu.

GC

Un requiem allemand- Palau de la Musica-Barcelonne

Articles similaires