23 février 2012
Vaches sacrées

Quelle est la vie des vaches ? Cette question peut paraitre bête –c’est le cas de le dire- à première vue, mais en y réfléchissant un peu mieux, que connaissons-nous du quotidien de ces gros mammifères ? Si ce n’est qu’elles finissent généralement dans nos assiettes sous forme de steaks ou nous permettent de boire du lait pour accompagner nos céréales au petit déjeuner. Avec  le film Bovines ou la vraie vie des vaches, l’existence des vaches est contée sous l’œil poétique du réalisateur Emmanuel Gras qui les transforme en héroïnes paisibles et impassibles.  En privilégiant les gros plans, il place le spectateur au plus proche de ces bovins avec cette volonté perceptible de vouloir nous plonger –au pire- dans la vie de ce troupeau –au mieux- dans la peau de l’animal. Brouter, ruminer, dormir –c’est le métro, boulot, dodo de la vache- un emploi du temps seulement rythmé par la météo et par les apparitions occasionnelles des agriculteurs –nous rappelant que leur destin est déjà scellé.

Dans le grand pré –tour à tour brumeux ou illuminé par le soleil du matin, constellé de pissenlits dorés ou de chardons rosés- la vie des vaches semble presque « sauvage », en adéquation avec la nature qui les entoure. L’apparition d’un sac plastique virevoltant dans l’herbe est une piqure de rappel, comme l’anneau numéroté qu’elles portent à l’oreille, -2293, 2646, 9435 – que cet animal est domestiqué par l’homme, depuis 8000 ans avant  J.-C.

Les paysages verdoyants, la rosée du matin sur les trèfles, les toiles d’araignées entre les tiges des herbes. Autant de détails qui rajoutent une touche de majesté et de beauté au cadre dans lequel vivent les vaches. Certaines scènes s’apparentant à des tableaux de Millet. Mais le tout reste parfois assez long à regarder -durant une heure- sans voix off, ni dialogue autre que celui du beuglement des vaches.  « Bovines » offre un grand bol d’air frais  et nous apprend à regarder. Comme les vaches patientes suivent les déplacements du train, nous observons leur mouvement avec simplicité. Seul bémol : un scénario qui manque peut-être un peu de chair.

 

Par Sarah Vernhes

 

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