18 novembre 2011
Blonde, II

La première phrase du livre de Simon Liberati  qui commence avec « Aux basses heures de la nuit, le 29 juin 1967 … «  nous plonge d’emblée dans une atmosphère d’inquiétante étrangeté. Celle qui entoure la mort de l’actrice Jayne Mansfield décapitée dans un tragique accident de voiture. Un crash digne d’un film de David Cronenberg qui occupe les trente premières pages du livre. « Au moment où le chauffeur s’approchait de la Buick, une plainte se fit entendre à distance, un long cri inhumain ou semi-humain, modulé comme le son d’une voix humaine mixée avec un autre organe de nature animale, un trissement de chien blessé, un cri de sorcellerie. »
Loin d’être une biographie classique, ce livre ressemble à une enquête par son aspect fouillé et descriptif. Une  analyse de la fin du star système et des femmes objets. On peut aussi le voir comme un tableau vivant, une vanité qui nous rappelle que la chair la plus désirable au monde peut en une fraction de seconde être réduite à l’état de bouillie informe.
Peu à peu,  le récit nous embarque dans une folle odyssée à la recherche du temps perdu de Jayne Mansfield. A 34 ans elle n’est déjà plus qu’une star déchue : « un  monstre engendré par la presse poubelle et  le néant des vieux studios poussiéreux. » Guère étonnant vu la nullité de sa filmographie. La blonde sulfureuse a eu cependant  un talent : celui de savoir se mettre en scène avec un sens inné du spectacle, un goût immodéré pour la provocation, les tenues kitch, les perruques blondes et les chihuahuas. Une lady gaga avant l’heure. Un personnage loufoque et déjanté, pris dans un vertige qui la conduira à la déchéance et à la mort.
Ejectée du star système, Jayne Mansfield multiplie les tentatives pour attirer l’attention. Tout est  bon à prendre pourvu qu’on parle d’elle. Stripteases dans les boites de nuit, interviews bidons, scandales et caprices de psychopathe sous LSD. Jayne Mansfield se fourvoie dans l’alcool, la drogue, les amants junkies et désaxés. Sans compter son attrait pour l’église sataniste de La Vey. Un cocktail explosif qui séduit immédiatement son lecteur.Il faut dire que nos actrices contemporaines font pâle figure à coté d’elle. Et l’on sent à travers la plume de Liberati une belle admiration pour cette blonde décadente et une nostalgie certaine de cette époque où certains brulèrent à vitesse grand V leurs vies. En cas, voilà un superbe livre – antidote à la morosité ambiante.

par Anouchka D’Anna

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