27 mai 2013
Berlioz is back in Paris

Mal aimé de la France, et de Paris en particulier, Berlioz se trouve doublement célébré en cette dernière semaine de mai avec deux ouvrages trop rarement donnés. Tout d’abord L’Enfance du Christ, « légende sacrée » d’une heure et demie retraçant à la façon d’un conte les premières années de Jésus, avec lequel le festival de Saint-Denis ouvre son édition 2013. Sir Colin Davis, qui fut un des principaux artisans de la redécouverte de l’œuvre du grand musicien romantique français, aurait dû diriger le concert. Mais le destin en a décidément autrement le 14 avril dernier, et c’est donc à sa mémoire que cette soirée fut dédiée. On a fait appel à James Conlon, le directeur musical de l’Opéra de Paris sous l’ère Gall, pour le remplacer. Stéphanie d’Oustrac se montre d’emblée à son meilleur en Marie, ainsi que François Lis, Hérode solide et émouvant. Il faut un peu de temps à Nahuel di Pierro, ancien pensionnaire de l’Atelier Lyrique de l’Opéra de Paris, pour s’accoutumer à l’acoustique réverbérée de la basilique, tandis que Stéphane Degout semble piégé par sa voix riche en harmoniques. En dépit d’un investissement touchant, Jeremy Ovenden fait un récitant un peu apprêté. Du moins peut-on admirer le Chœur de Radio France et la délicatesse de James Conlon. Le concert est disponible jusqu’au 31 décembre sur ArteLive.

Benvenuto Cellini version russe

Quelques jours plus tard, le Théâtre des Champs Elysées programmait, dans le cadre des commémorations de son centenaire, Benvenuto Cellini, qui avait été donné lors de l’inauguration en 1913. C’est peu dire que le premier opéra de Berlioz est rarement joué, tributaire sans doute des nombreux remaniements que lui fit subir le compositeur. Six ans après Salzbourg, Valery Gergiev en donne sa lecture avec les forces du Théâtre Marinski. Exotisme garanti avec des voix russes peu au fait du style requis. La palme revient sans doute au rôle-titre tenu par l’impossible Serguei Semishkur, vaillant certes, mais absolument hors propos et d’une articulation douteuse. Le prestige de l’affiche ne passe guère l’épreuve des faits : entre vigilance appuyée envers le plateau et précipitation dans les finales, la direction de Valéry Gergiev ne se révèle guère satisfaisante, d’autant que la version proposée, qui s’appuie sur celle de Weimar, souffre quelques incohérences. Au moins peut-on se consoler avec les efforts d’Anastasia Kalagina, Theresa expressive, et le Pape solide de Mikhail Petrenko.

GC

L’Enfance du Christ, Basilique Saint-Denis, 29 et 31 mai 2013

Benvenuto Cellini, Théâtre des Champs Elysées, 1er juin 2013

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