17 juin 2014
Azimut, l’acrobatie métaphysique au Rond Point

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On sort du spectacle Azimut d’Aurelien Bory, un peu étourdi, chancelant. Passé maître dans l’art de jouer avec les lois de la gravité, le chorégraphe pousse plus loin encore sa science avec Azimut en plongeant dès les premières minutes le spectateur dans une pénombre fantomatique où seule perce la mélancolie d’un chant marocain. C’est dans cette atmosphère que le Groupe acrobatique de Tanger, avec lequel Aurelien Bory avait déjà travaillé notamment pour le spectacle Taoub, va défier la gravité.

Il est ainsi déconseillé aux personnes ayant le vertige de s’aventurer sur le chemin d’Azimut. Avec une agilité déconcertante, les acrobates se suspendent au mur et au plafond, jouent avec leurs ombres ou créent des illusions collectives. C’est le cas de ces séries de roues réalisées à une vitesse telle que l’on ne finit par ne voir qu’une série de cercles lumineux balayant la scène. Pourtant rien ne tend vers la performance. Progressivement la sobriété des acrobates qui réalisent ces figures comme on accomplit un rituel éteint les quelques rires entendus dans la salle. Azimut n’est pas une démonstration, mais une pièce spirituelle, une introspection.

A force de tutoyer le ciel et de se jouer de la physique, on en vient à se dire d’ailleurs que le spectacle porte une conception du monde qui dépasse le simple amour de la voltige. Aurélien Bory a confié d’ailleurs qu’il s’était inspiré de la figure du sage soufi Ahmed Ou Moussa, « Saint Patron » de l’acrobatie marocaine, pour créer ce spectacle. C’est pourquoi la durée du spectacle, seulement 1h10, laisse un léger sentiment de frustration. Où va cette femme qui gravit la montagne créée par les ombres des acrobates ? Pourquoi ces danseurs courent-ils dans le vide au-dessus du public, accrochés seulement par un fil ? Le chorégraphe semble avoir voulu raconter une histoire sans s’en être donné le temps. Mystérieux et magnifique, le spectacle d’Aurélien Bory a pourtant le souffle d’une grande quête initiatique.

Par Florent Detroy

Azimut, au Théâtre du Rond-Point jusqu’au 29 juin 2014

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