12 mai 2017
Auvers sur Oise, la belle échappée

Un village de peintres c’est toujours l’assurance d’un climat particulier, de pierres qui vibrent un peu plus qu’ailleurs et le sentiment enveloppant de mettre ses pas là où ceux qui ont vécu plus fort que d’autres sont passés. Auvers sur Oise est ainsi un village habité par l’âme de Vincent Van Gogh qui s’y suicida mais également d’autres artistes comme Daubigny qui y installa au XIX ème siècle son atelier d’artiste pour accueillir « les grands machins » qu’il y réalisa. Avec cinq panneaux peints par Corot, la jolie chambre de sa fille Cécile dont il décora les murs et plafond de motifs enfantins, sa maison retrace à l’image du musée voisin qui porte son nom, le talent de ce peintre qui aima par dessus tout sortir avec son chevalet dans la campagne avoisinante, à l’image de son ami Camille Pissaro; champs, jardins mais aussi berges de la Seine avec son petit bateau transformé en atelier. 

La fée verte, l’absinthe

Et à ceux que le visite des musées rebutent, Auvers sur Oise offre des rues ravissantes où le temps semble s’être arrêté grâce à Madame le maire, une ancienne galeriste parisienne qui prend garde à ne rien gâter avec l’aménagement urbain. Ainsi, rien de laid ici, et tout propice à s’attarder comme dans le musée de l’absinthe où vous apprendrez que « la verte » brûlait autrefois les neurones- distillée à 70% et qu’Antoine Blondin disait en vidant son verre « qu’il suçait de la glace ». Désormais, elle est à peine plus forte qu’un pastis comme vous pourrez le vérifier en prenant place à l’une des tables dans le jardin du musée. 

Non loin de là, une visite s’impose à la maison du célèbre Docteur Gachet, immortilisé par Van Gogh qui lui payait ses ordonnances en tableaux. Passionné d’art, l’homme avait créé à Montmartre les dîners des « éclectiques », une bande d’artistes fêtards; il inventa également un procédé de gravure pour reproduire ses oeuvres et celles des artistes nombreux qui passaient chez lui, sur papier. Il fut également des plus généreux, léguant à sa mort rien que neuf Van Gogh, huit Cézanne et six Manet à la France .

L’auberge Raoux, passage obligé

Et comme Auvers sur Oise bouge, des galeries d’art ont également investi la ville avec un lieu à ne pas manquer, la maison de Xavier Boggio, petit fils du peintre Emile Boggio et artiste lui-même, réalisant d’imposantes peintures et sculptures de jardin en résine. Un passage par le très émouvant atelier de son grand-père achèvera la visite et permettra de voir que le bleu canard si cher à Sarah Lavoine n’a pas été inventé par elle…

Enfin, on ne saurait repartir d’Auvers sans passer à la l’Auberge Raoux , géré avec bonheur par Dominique Jansees, homme d’affaire belge tombé amoureux de ce lieu où Van Gogh eu sa chambre pour 3,50 francs par jour en pension complète et où l’on peut encore voir la table de Malraux ou la cafetière de Cézanne. C’est là qu’il peignit 80 toiles pendant les quatre vingt jours qu’il y resta, écrivant à sa soeur en 1890 : « De ces jours -ci je travaille beaucoup et vite; ainsi faisant je cherche à exprimer le passage désespérément rapide des choses dans la vie moderne ». On ne saurait mieux dire…

LM

L’atelier d’Emile Baggio

La table de Malraux à l’Auberge Raoux

 

Le jardin du Musée de l’absinthe, de l’art toujours…

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