28 janvier 2015
Auschwitz, il y a 70 ans…

1410803508485_wps_5_An_undated_file_picture_o

Le froid, la neige, Auschwitz tombeau glacial et glaçant. Plus que les mots, les images parlaient d’elles-même lors de ce 70 ème anniversaire de la libération par l’Armée rouge de ce camp qui fut le plus important des camps de concentration et d’extermination du IIIème Reich. Le wagon noir posé sur la neige immaculée, le même qu’à Drancy, point de départ pour des milliers de juifs français vers une mort planifiée. Une usine à tuer- plus d’un million de personnes en cinq ans dont 90 % de juifs; des cheminées qui fument de la poussière humaine, des paysans polonais qui sentent la chair humaine qui brule et donc savent tout comme les grands de ce monde comme Churchill et Roosevelt. Mais dans cette guerre contre Hitler, ils ont d’autres priorités que ces hommes, ces femmes et ces enfants qui deviendront à jamais plus qu’un nom sur une liste-« ils s’attendaient au pire mais pas à l’inimaginable » ou pour les plus chanceux, un numéro tatoué sur le poignet.

Le recueillement mais pas de remise en cause

« Le silence a mené à Auschwitz » témoigne un rescapé, devant les chefs d’Etat réunis-Vladimir Poutine excepté. Car, à leur retour aussi, on tentera de les réduire au silence; l’histoire, c’est bien connu n’aime guère être confrontée à ses crimes.

Sous la tente menant à ce qu’il reste du camp, la shoah est dans tous les esprits,  « Plus jamais ça « aussi, avec l’idée que cette phrase « n’est pas un programme politique mais un choix individuel ». Chacun doit ainsi le vivre au quotidien, et savoir s’indigner comme l’avait si justement écrit Stéphane Hessel.

La littérature, voilà bien celle qui permet de ne jamais perdre la mémoire. L’écrivain hongrois Imre Kertész, Jorge Semprun-L’écriture ou la vie, Primo Levi-Si c’est un homme, Samuel Pisar-Le sang de l’espoir ont témoigné parmi tant d’anciens déportés à Auschwitz, mettant au fil de leurs pages des mots sur l’indicible. D’autres n’en sont pas revenus comme  Etty Hillesum ou Iréne Nemirowski. Patrick Modiano avec Dora Bruder, cette jeune fille qu’il a sorti de l’oubli en retrouvant son nom sur un avis de recherche puis les listes des gazés de Birkenau ou encore William Styron ont pour leur part choisi d’en faire de bouleversants romans.

Les mots contre l’oubli

Lire le choix de Sophie- qui se déroule à Birkenau- permet de replonger dans ce qui fut le mal absolu, la torture psychologique s’ajoutant à celle physique. Lorsque cette mère qui, parce qu’elle parle allemand, se voit offrir la possibilité de sauver à sa descente du train un seul de ses deux enfants, c’est la peine capitale qui s’abat sur elle, avec cette culpabilité qui jamais ne pourra s’éteindre. Se reconstruire ensuite. Revenir là où l’on a vu l’abîme, comment y arrivent-ils? Une rescapée a répondu que « c’était pour être utile », et aider les jeunes à ne pas oublier. Trop peu de médias, à l’exception de l’Express, L’Obs a juste oublié d’écrire ne serait-ce une ligne…) ou France 2 avec une journée spéciale ce mardi 27 janvier 2015 et la diffusion des documentaires Jusqu’au dernier, la destruction des juifs d’Europe de William Karel et Blanche Finger (3 millions de téléspectateurs), ont pourtant commémoré ce triste anniversaire. Voilà qui est triste et dangereux.

LM

Articles similaires