30 avril 2015
Aurelie Dupont, brillante jusqu’au bout

ufoyfrl

Un départ de star. Voilà qui est normal pour la plus people des danseuses étoile, Aurélie Dupont, qui fera ses adieux sur la scène de Garnier le 18 mai prochain. La fin d’une carrière éblouissante et le début d’une autre comme maître de ballet, n’en déplaise à son fils, Jacques âgé de 7 ans, qui l’aurait bien vu « danseuse au Moulin Rouge pour pouvoir venir le chercher à l’école ». Ce dernier printemps, avant de fouler pour la dernière fois la scène en pente de Garnier-42 ans, l’âge de la retraite à l’Opéra de Paris oblige, elle est partout. Journaux télévisés, radio, presse, c’est même dans près de 400 salles de cinéma y compris aux Etats-Unis ou en Australie que l’on pourra suivre ses derniers pas dans l’Histoire de Manon, le même ballet qui l’avait vu remonter sur scène après son opération du genou. Nommée étoile un 31 décembre 1998 par Noureev, elle s’était blessée au genou et n’avait selon les pronostics aucune chance de pouvoir danser à nouveau. Mais pour la danseuse entrée à l’école de danse de l’Opéra de Paris quinze ans plus tôt, à l’âge de dix ans, la volonté eut raison, comme pour bien d’autres danseurs, de son corps. Ce même corps qu’elle a dompté à force de travail même si elle avoue, devant les journalistes venus nombreux dans le salon Florence Gould de l’Opéra Garnier, qu’il doit avoir « beaucoup de substance dès la naissance ».

Visage de madone, chignon sage et veste de brocard, elle est assise à côté de Cédric Klapish qui filmera « tendrement » son dernier ballet, réalisateur qui l’avait déjà mise en images dans le documentaire en 2009. Une occasion de plus « de vivre cette vague d’amour et démonstration de respect à laquelle je ne m’attendais pas » s’étonne Aurélie après l’ court hommage de Stéphane Lissner, elle qui pensait s’éclipser « intimement ». Et « ne se voyait plus à l’Opéra » jusqu’à cette proposition de Benjamin Millepied de devenir le coach des solistes, « pour pouvoir les mettre en valeur et en lumière ». L’occasion également de leur offrir une préparation mentale « chose que je n’ai pas eu dans ma carrière ».

Car il en faut des nerfs d’acier pour tenir, de l’internat de l’Ecole de danse où elle se fit « une carapace avec la technique en étant irréprochable jusqu’à en perdre le plaisir de danser ». C’est Pina Baush qui la première brisera cette armure en la choisissant à 22 ans pour « ses faiblesses » dans Le Sacre du Printemps. Le début d’une longue histoire avec la danse contemporaine où Aurélie excellera, de Roméo et Juliette de Sasha Waltz à tout récemment, Daphnis et Chloé de Benjamin Millepied, en passant par des chorégraphes comme Mats Ek ou Angelin Prelojcaj et son Parc. Autant de rôles où elle dit « être le personnage en s’aidant énormément de la musique, véritable appui émotionnel et artistique ». De là vient cette « musicalité » qui est l’apanage des plus grands dont elle a pu s’inspirer sans jamais les copier. « Je préfère me tromper » ajoute-t’elle avant d’évoquer son départ, qu’elle prépare depuis trois ans. « Tout va me manquer, Garnier, c’est ma scène. L’ambiance des coulisses, ma loge, ce sentiment de se sentir unique lorsque l’on est étoile… » Ce sera donc en Manon Lescaut vu par Kenneth MacMillan et accompagné de Roberto Bolle, de la Scala-Hervé Moreau, son partenaire favori s’étant blessé- qu’Aurélie qui signe ses autographes d’ une étoile, cessera d’en être une, mourant une dernière fois sur la scène de Garnier.

LM

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