Au vrai bazar de l’Hôtel de Ville

Samedi, j’avais besoin de deux douilles, d’un verrou, de joints-pour le carrelage -et de contreplaqué. Partie pour le Leroy Merlin sans fenêtre de Beaubourg en ce beau jour ensoleillé, j’avisais au dernier moment que le BHV serait plus agréable…même si le paradis du bricoleur se trouve là aussi au sous sol, eh oui, les coussins sont plus rentables que les vis. Bref, me voilà devant ce grand magasin « hybride »quand je réalise que ce sont les 6 jours du BHV, des soldes avant les soldes, histoire de déstocker. Beaucoup de monde mais surtout des affaires en veux tu en voilà. Au final, trois paniers n’y suffisent pas; alors je stocke vu que aucun article ne se trouve au même étage et que tout cela pèse de plus en plus lourd. « Vous devriez prendre la carte, il y a 15 % sur vos achats le jour d’ouverture » me dit alors une vendeuse,« Tenez, je vous donne un petit carton ». Sur lequel, son nom est écrit. Je pense alors, je n’ai pas pris grand chose, ça ne vaudra pas vraiment le coup surtout que cette réédition de la lampe Pipistrello à 650 euros au lieu de 800 et quelques euros-l’original doit être autour de 2000 euros-bref, cela vaudra le coup d’attendre. Passage en caisse, sentence, l’équivalent du prix de la lampe-sans le rabais. Je dis alors à la caissière de me mettre en attente, file à l’espace carte juste derrière et brandit le carton en me disant qu’en plus je fais une bonne action pour Madame Suza, qui aura un treizième mois grâce à moi. « Il me faut une pièce d’identité, non le permis de conduire n’en est pas une.« Ah, adieu veaux, vaches , cochons et ces 120 euros que j’aurai sauvé de cette folie consumériste bien orchestrée à coup de de -30 %, -40%.« Mais, si vous revenez lundi, on pourra la faire rétroactivement » Bigre, ce n’était donc pas perdu! Me voilà donc rassurée et le lundi suivant, à l’ouverture à 9h30 pour récupérer ma remise, changer une taie d’oreiller, chez moi,les deux s’étaient révélées detailles différentes et en rapportant deux autres qui, à la réflexion, faisaient doublon et coïncidaient un peu trop à ce que je qualifierai de fièvre acheteuse…Bref, je retournai à l’espace carte où là , on me posa quantité de questions sur mes revenus car ladite carte était en fait une carte de… paiement. « Pourquoi pas ? » pensais-je. Trois fois sans frais, voilà qui n’était pas mal et serait moins douloureux. Je me retrouvais donc à raconter combien je gagnais, qui était mon employeur-« juste son nom » me dit le monsieur tapant sur l’ordinateur, depuis quand j’habitais chez moi, et si j’avais des enfants à charge, etc… Il ne me demanda pas si j’étais mariée car je suppose qu’à la question Madame, Mademoiselle-le distingo ne devait-il pas disparaitre? – il avait eu dans ma réponse son information. L’heure tournait tandis que je pensais aux échanges que je devais faire et les assiettes à récupérer que j’avais laissées le samedi, deux roues oblige. « C’est presque fini« me dit-il, fabriquant devant moi une vrai carte avec les chiffres en relief et la coupole du BHV en fond. »Vous êtes sûr pour la rétroactivité  » me demanda- t’il ? Un vent de panique me saisit alors. Tout ça pour rien?« Ne vous inquiétez pas, on va aller au service clientèle au 7ème ». Nous étions au second. « Par l’ascenseur? »questionnais-je. « Ah non, il est trop lent, ça ira plus vite par les escalators ». Lesquels s’arrêtent au 6ème. Ensuite il faut traverser tout l’étage et monter des escaliers. Un moment de flottement une fois là haut, « ah bon, on vous a dit ça? Il faut que je demande à ma responsable ». Re -attente, l’énervement qui monte, mais ouf, ce sera donc possible, « sauf qu’il faut retaper tout le ticket. » Je décide alors de gagner du temps sur les échanges, retourner au second et aller au stand de linge de lit. Les vendeurs sont tous disponibles, avantage de l’heure. « Ah, il faut le carnet des échanges! ». Il disparait. De longues, trop longues minutes. Je vais être en retard. Près d’une heure et rien. Toujours pas récupéré ma réduction ni changer mes articles. »Quelle est votre adresse? « . »Pour un échange au même prix vous avez besoin de tout cela? »questionnais-je. Et plus encore puisqu’une fois le document signé par lui, par moi, il faut le chef de rayon et aller à la caisse spéciale remboursement. Laquelle est la seule encombrée par tous les acheteurs malheureux du week-end. Enfin mon tour et là bug. Non , ça ne marche pas. Et soudain je réalise que mes achats n’existe plus puisque la carte a été recréditée pour que ce soit celle de crédit du BHV qui le soit. « Ah, c’est à cause de la carte que je viens de demander« . On ne m’écoute pas, la caissière et son responsable les yeux hagards devant ce problème technique. « Mais non, c’est interne ». Je sais que j’ai raison mais cela prendra un peu de temps avant de pouvoir leur expliquer, repartir au 7eme, annuler l’achat , le recréditer sur une carte, etc…Et là, je regarde ma montre. Plus d’une heure que je suis là pour récupérer 120 euros. Je songe alors à mon comptable-260 euros de l’heure et à mon avocat, 400 euros de l’heure. Et de me demander, avec horreur, si je suis  donc aussi cheap pour en avoir perdu une tout ça pour ça? Je n’ai pas encore trouvé la réponse…

Par Laetitia Monsacré

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