7 septembre 2012
Au bonheur des écrivains

On a prononcé son nom lors du mercato en juin dernier pour présenter l’émission culturelle de la rentrée; une vraie « tarte à la crème » que François Busnel  aurait refusé, en toute logique, lui qui affirme ne pas croire en la transversalité. Les audiences de son illustre prédécesseur, Bernard Pivot, ne lui donneront pas tort; après Apostrophes, malgré l’immense qualité de Bouillon de culture-on se souvient du fameux questionnaire de Proust revisité et repris dans l’Actor Studio-le fameux rendez vous littéraire du vendredi soir ne fut jamais égalé. Alors pour une cinquième saison, le présentateur au physique très XVIIIème, est fidèle aux confortables fauteuils le Corbusier et sa Grande Librairie, avec une rentrée littéraire où il a convié celle qu’il appelle « son totem », Amélie Nothomb et l’autre femme de la rentrée- quatre pages dont la couverture de Libération qui crie au chef d’oeuvre, Christine Angot. Après L’Inceste, elle revient treize ans après, avec un roman que d’aucuns jugeront pornographique, mais qui pour d’autre est un sommet de littérature.

Elle est ainsi là en plateau, tentant d’expliquer comment elle décrit « ça »- cette mort à petit feu imposée-sans jamais écrire le mot « père », ou « inceste ». « Vous allez lire ce livre sans aucun plaisir » prévient François Busnel,  » mais vous serez touché par quelque chose d’universel« . La reine Christine se tait, place à Philippe  Djian, lui qui a écrit sur un autre thème « lourd »,  le viol.

La littérature pour apprendre à vivre

Avec un point commun, là aussi la victime ne se révolte pas. « L’histoire est comme un terrain de jeu pour moi » s’amuse-t’il, ajoutant que « ça apprend à vivre, la littérature! ». Comment fait-on pour faire tenir la note? demande alors Busnel, éviter que la phrase soit une « succession de petits corps morts » reprend l’auteur? Il ne le dira pas tout comme on ne saura pas quelle est la chambre secrète d’Amélie Nothomb, rouge à lèvres rouge carmin comme sur la couverture de son dernier opus.

Le  Japon, les chapeaux, le courrier de ses lecteurs, 75 livres écrits pour 21 publiés, 15 millions vendus, traduits en 46 langues, elle fête cette année ses vingt ans de carrière, vingt et une grossesse  » je suis enceinte de mes livres », dont son record de vente  450 000 exemplaires pour Stupeur et tremblements. Elle revisite cette fois le personnage de Barbe bleue, son conte préferé même si elle trouve que Perrault « ne fut pas juste avec son héros ». Rompue à l’exercice, elle offre même au présentateur la chute de l’émission, évoquant  le champagne qui est ensuite servi aux invités, du très bon Deutz si ma mémoire est bonne… De quoi le faire découvrir à Aurelien Bellanger, révélation de la rentrée-quand même chez Gallimard-qui fut gentiment « bizuté » , « livre trop long », « notice wikipédia » sans se laisser impressionner, élocution et coiffure parfaite pour présenter ce livre où  » la comédie humaine rencontre Terminator » selon Busnel.  Une heure de bonheur à revoir désormais le dimanche soir à 23h, les dessins de  Jul en moins( passé chez france 2 avec Bruce Toussaint), en attendant la semaine prochaine Olivier Adam, candidat malheureux au Goncourt et Serge Joncour, superbement adapté au cinéma par Xavier Giannoli avec Superstar et qui revient avec L’amour sans le faire (coup de coeur de Gilles Paris, voir rubrique The writer).

LM

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