26 juillet 2015
Arles, la vie en plus

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Les rencontres de la photographie d’Arles comptent deux absents de taille cette année: Lucien Clergue qui en fut l’initiateur et Michel Bouvet dont les dessins emblématiques n’illustrent plus cette première édition gérée par  le nouveau directeur, Sam Stourzdé. Et pourtant quelle magie encore à chaque coin de rue que la ville offre avec tous ces lieux  à découvrir plan -dépliant en main.  Tout voir. La chose est impossible. Une exposition, une autre, les yeux n’en peuvent bientôt plus de ces regards, de ces photos d’hommes et de femmes, de ces histoires que les photographes racontent, ces moments de vie saisis. Cela déborde, cela remplit et laisse hagard comme un voyage autour du monde, du Congo aux paradis fiscaux, de ces anonymes publiant des annonces sur le Bon coin aux néons américains version jour/nuit ou autres pochettes de disques.

Arles est un gigantesque kaléidoscope qui au coeur de la Provence vous projette chaque été à des milliers de kilomètres et vous donne à voir le monde saisi dans toute son horreur ou sa beauté, sa banalité ou son originalité. De grands noms comme Stephen Shore, un des pionniers de la photographie couleur américaine ou Martin Parr, associé à une création musicale originale de Mathieu Chedid dans l’Eglise des Saint prêcheurs coexistent avec des inconnus comme Alice Wielinga qui, dans l’Eglise Sainte Blaise offre une vision toute personnelle de la Corée du Nord. Elle a en effet choisi de juxtaposer les clichés pris sur place sous haute surveillance avec cette Corée du Nord imaginaire, à la limite paradisiaque véhiculée par la propagande du régime communiste. Le résultat est bluffant tout comme celui des façades d’églises italiennes de Markus Brunetti à découvrir dans la Grande halle des anciens ateliers SNCF, hypnotique récréation du réel.

L’espace est toujours aussi imposant même s’il a perdu son charme avec une rénovation imposante due à la construction à proximité de la future Fondation Luma confiée à  l’architecte star Franck Gehry. C’est sous cette grande nef que l’on se régale également des clichés de Thierry Bouët qui a imaginé des mises en scène pour tous ces objets qui cherchent preneurs sur le site le Bon coin. L’ensemble est jubilatoire avec ce quotidien qui accède à une forme d’art, laquelle trouve toute son expression dans l’exposition donnée au Musée Réattu; un demi-siècle de photographie à retrouver à travers la collection magnifique détenue par ce bâtiment qui longe le Rhône. Plus loin dans les terres, l’abbaye de Montmajour accueille instants choisis sur le tournage du dernier film de Fellini par le photographe Paul Ronald ou les photographes iconiques sélectionnés par l’acteur américain John Malkovitch. Arles 2015, c’est toujours du bonheur, à visiter jusqu’au 20 septembre…

LM

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