16 janvier 2014
Arias et Pointes

ONEGUINE
Un début d’année plein de promesses entre un ovni revenu sur le devant de la scène, Einstein on the beach et l’ incontournable Lakmé à l’Opéra Comique, et voici l’année lyrique 2014 lancée à Paris tandis qu’ à Montpellier dont l’opéra est le premier à être dirigé par une femme, Valérie Chevalier, on donnera du 17 au 21 janvier un des plus prenants ouvrages du répertoire russe, Eugène Onéguine de Tchaïkovski. Le Châtelet prendra la suite avec du 20 au 29 janvier, un Rossini méconnu, La Pietra del paragone, qui s’annonce coloré grâce aux vidéos de Pierrick Sorin. Mais, Janvier sera surtout placé sous le signe de la création avec la première française de Cœur de chien de Raskatov d’après Boulgakov à Lyon, après avoir été donné à Amsterdam et Milan  et Brokeback Mountain, inspiré par la nouvelle d’Annie Proulx qui signera le livret, au Teatro Real à Madrid (du 28 janvier au 11 février). La capitale espagnole place d’ailleurs ce début d’année sous les feux de l’amour, en important de Paris le fameux Tristan und Isolde de Peter Sellars et Bill Viola, chanté par un authentique cast wagnérien (du 12 janvier au 8 février).

D’Alcina à Isabelle Ciaravola

L’Opéra de Paris ne reprendra vraiment du service qu’à la fin du mois, avec à Garnier la reprise de l’incontournable Alcina de Haendel revisité par Robert Carsen, en même temps que Zurich confiera le rôle à Cecilia Bartoli dans une production confiée au détonant Christof Loy. En parallèle au retour du très réussi Werther de Benoît Jacquot, l’Opéra Bastille donnera, en février, dans  l’opéra  » version western spaghetti « avec une rareté de Puccini, La Fanciulla del West, où l’on pourra entendre dans le rôle-titre Minnie, Nina Stemme. A Versailles, ce sera les turqueries du Bourgeois Gentilhomme de Lully, qui seront données dans la magnifique salle de l’Opéra royal avec, à la mise en scène Denis Podalydès et les costumes de Christian Lacroix. Puis,  le 13 février, ce sera le coup d’envoi de l’année Rameau – mort il y a deux cent cinquante ans – avec Les Fêtes de l’Hymen et de l’Amour, sous la direction d’Hervé Niquet tandis que Bastille remet à l’affiche la décidément inusable Madame Butterfly de Wilson, et que Garnier offrira à Isabelle Ciaravola (dont vous pourrez lire à l’occasion un  Il/Elle) le rôle qui a fait d’elle une étoile il y a cinq ans dans Oneguine de Cranko à l’occasion de ses adieux à la scène. En parallèle, Mademoiselle Julie, ballet chorégraphié par Brigitte Cullberg fera le même mois souffler un vent suédois pour cette entrée au répertoire de la maison. Un mois de février qui promet d’être riche avec l’Opéra Comique qui redonnera le Pelléas et Mélisande que  Stéphane Braunschweig avait créé en 2010 et qu’à Madrid, les melomaners pourront découvrir  Alceste réglé par le sulfureux Warlikowski  au Teatro Real du 27 février au 15 mars 2014.

Printemps entre Est et Ouest

Mars, les premiers bourgeons, et il est temps de faire un tour du côté de Berlin où la Deutsche Oper met Berlioz à l’honneur, avec une nouvelle production de la Damnation de Faust et la reprise des Troyens de David Poutney où l’on attend Roberto Alagna dans le rôle d’Enée. David, le frère du célèbre ténor verra son opéra inspiré par Victor Hugo, Le dernier jour d’un condamné, pour la première fois sur scène en France à Avignon les 9 et 12 mars. Ce sera ainsi résolument à l’est que les choses se passeront en ce début de printemps, avec le rare Roi Arthus de Chausson donné à Strasbourg, témoin de l’influence de Wagner et dont l’ouverture rappelle la célèbre chevauchée des Walkyries, à voir du 14 au 25 mars, puis les 11 et 13 avril à Mulhouse. A Nantes, ce sera  Mélisande de Stéphanie d’Oustrac, du 23 mars au 1er avril,  avec une habituée pour la mise en scène de cet opéra de Debussy, Emmanuelle Bastet. Entre les reprises des rebattues la Bohème et l’Italienne à Alger, Bastille offrira à Sabine Devielhe sa première Reine de la nuit dans La Flûte enchantée réglée par Robert Carsen – du 11 mars au 15 avril –, tandis que le Comique présentera du 20 au 30 mars un des sommets de la cruauté lyrique, Platée de Rameau, dirigé par les Arts Florissants, et dont le Theater an der Wien à Vienne aura eu la primeur le mois précédent. Quant aux amateurs de contre-ténors, ils seront servis avec l’Artarsere de Vinci à Versailles, que seule Nancy avait donné en version scénique la saison passée.

Britten et Py à Lyon

Avec Pâques, les premiers festivals… Lucerne, Salzbourg pour les plus courus, mais aussi le tout jeune d’Aix, créé il y a deux ans, sous la direction artistique de Renaud Capuçon, et une pléiade de talents – Gustavo Dudamel, Martha Argerich parmi les plus grands, du 14 au 27 avril. On pourra d’ailleurs poursuivre le bain méditerranéen à Barcelone où le Liceu fera recouvrir La Légende de la cité invisible de Kitej de Rimski-Korsakov – du 13 au 30. Autre rendez-vous désormais incontournable, le mini-festival de l’Opéra de Lyon consacré cette année à Britten : Peter Grimes vu par Yoshi Oida, Le Tour d’écrou et le rare Curlew River réglé par le prolifique Olivier Py – du 10 au 29. Après une hibernation de quelques mois, le programme scénique du Théâtre des Champs Elysées revient avec son mini-festival dédié à Rossini qui s’ouvre, du 7 au 17, par l’Otello zurichois et Cecilia Bartoli, avant le Barbier de Séville en fin de mois, et Tancrède, du 19 au 27 mai. Tandis que l’Opéra de Paris poursuit son programme de reprise avec  Tristan und Isolde de Sellars, revenu de Madrid,  Philippe Jordan toujours à la baguette, et le classique I Capuleti e i Montecchi de Bellini par Robert Carsen, le Châtelet fait revenir Sondheim : Into the woods mis en scène du 1er au 12 par Lee Blakeley.

Benjamin Millepied à Bastille

En mai, ce sera la fête du ballet. Outre la reprise à Garnier du légendaire Orphée et Eurydice de Pina Bausch, c’est surtout la création de Benjamin Millepied, qui prendra la relève de Brigitte Lefèvre en septembre prochain : Daphnis et Chloé, dont la partition intégrale de Ravel – avec chœurs – sera dirigée par Philippe Jordan en personne. Première le 10 à Bastille. Côté lyrique le grand évènement sera assurément la recréation d’Ali-Baba de Lecocq, du 12 au 22 à l’Opéra Comique,  seconde production de la saison sur laquelle travaillera l’Académie. Le Châtelet proposera quant à lui un opéra du plus grand compositeur américain vivant, John Adams (dont on avait revu il y a un an Nixon in China) A Flowering Tree – du 5 au 14 – au moment même où l’Opéra du Rhin affichera à Strasbourg Doctor Atomic – du 2 au 9, mis en scène par Lucinda Childs. Après Macbeth en avril,  l’Opéra de Toulon fera entendre en mai dans Don Giovanni, Giuliano Carella, son  directeur musical, l’un des meilleurs chefs lyriques actuels. Hors de nos frontières, on s’intéressera aux Contes d’Hoffmann madrilènes par l’iconoclaste Christoph Marthaler – et sa décoratrice Anna Viebrock – du 17 mai au 21 juin – tandis que Glynderbourne ouvrira sa saison par Eugène Oneguine et Le Chevalier à la rose.

De Violetta à Nicolas Le Riche

Juin et voilà déjà la fin de saison, qui sera sans nul doute marquée par le choc des Traviata – pas besoin de bicentenaire pour cela ! Paris avec le cinématographique Benoît Jacquot et la star Diana Damrau, du 2 au 20 ; Montpellier, sous la houlette de Jean-Paul Scarpitta et la prometteuse Omo Bello en Violetta, du 4 au 14 ; Vienne, au Theater an der Wien et l’audacieux Peter Konwitschny, du 1er au 11 juillet. Le 7, ce sera à Garnier la première d’un Couronnement de Poppée épuré par Robert Wilson et dirigé par Rinaldo Alessandrini qui nous vient de la Scala, tandis que le Châtelet finit l’année par The King and I de Richard Rodgers – jusqu’au 29. En province, mention à la Flûte enchantée nantaise, ou l’un des plus beaux opéras de Verdi, Simon Boccanegra, à Lyon – du 7 au 22. Enfin, de la danse avec Notre-Dame de Paris de Roland Petit à Bastille et un doublet Robbins-Ratmansky qui avait ouvert la saison en 2011 et qui s’avère un programme idéal pour le défilé du ballet qui précèdera les deux premières représentations – du 19 juin au 7 juillet. La fièvre va alors progressivement monter jusqu’au 9 juillet, soirée des adieux de Nicolas Le Riche à Garnier – autant dire que la liste d’attente est d’ores et déjà longue… Puis ce sera l’heure des transhumances estivales et des festivals, avec à Aix encore une Flûte Enchantée, Ariodante et Le Turc en Italie de Rossini,  mais on vous en reparlera…

Par Gilles Charlassier

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