15 octobre 2011
Anges purs, anges radieux

 

 

 

 

 

 

 

« Marguerite, sois maudite ». Il semblerait que la production du Faust de Gounod donnée à l’Opéra Bastille-dernière le 25 octobre-ait été, elle aussi, frappée d’une malédiction. Le chef d’orchestre Alain Lombard qui, pour cause de différend avec le chanteur maestro Roberto Alagna, rend sa baguette quelques jours avant la générale puis la grève du personnel technique obligeant à plusieurs reprises à la direction de l’Opéra à ne pouvoir donner que la version concert-sans décor ni mise en scène; ce dimanche en matinée, tout fut pourtant radieux. Le soleil inondait l’Opéra Bastille dans lequel le public dans une salle comble put découvrir la mise en scène controversé et pourtant éblouissante de créativité de Jean Louis Martinoty servie par les décors somptueux de Johan Engels. Quel plaisir visuel que cette gigantesque bibliothèque évoluant tel un personnage, se vidant au fur et à mesure de l’histoire ou ce gigantesque crucifix qui s’affaisse  sous le poids d’un Méphistophélès portant queue de pie en cuir tel un magicien des enfers. Les trouvailles scénographiques sont tout aussi réjouissantes comme ce jardin qui finit dans la désolation ou  ce globe de cristal géant qui, en s’ouvrant sur Roberto Alagna, lui offre une entrée en scène fracassante dans un tee shirt en lurex doré avant qu’il ne l’arrache tel une rock star. C’est sans doute ce statut dont il semble jouir désormais qu’on lui reproche lorsque quelques sifflets s’élèvent au salut final. Car autant le dire tout de suite,  il est ici éblouissant tout comme l’ensemble des chanteurs menés par le jeune et talentueux chef d’orchestre Alain Altinoglu . Inva Mula est une Marguerite magistrale-elle reprendra d’ailleurs le rôle au Staatsoper de Vienne- toute en fragilité mais dont la voix s’élève avec bonheur dans  cette salle pourtant très exigeante. Paul Gay avec sa silhouette élancée offre une interprétation impeccable du diable tout comme Tassis Christoyannis dans le rôle du frère malheureux de Marguerite, impuissant qu’il est face à l’accomplissement du destin funeste de sa soeur. Car, pour qui ne connait de cet opéra que l’air rendu célèbre par Hergé avec sa Castafiore,  « Ah, je ris de me voir si belle en ce miroir », Marguerite est dans le livret de Jules Barbier et Michel Carré, deux auteurs de théâtre qui se sont librement inspiré de la pièce de Goethe,  une héroïne tragique.  Abandonnée, commettant un infanticide et sombrant dans la folie avant d’être exécutée. De quoi satisfaire la grande faucheuse qui tient ici,  décidément avec beaucoup de talent, le haut de de l’affiche.

LM

En bonus, Inva Mula seule sur la scène de l’Opéra Garnier interprétant a cappela deux airs de Faust ainsi qu’ une interview de Roberto Alagna

Articles similaires