28 août 2013
Ah la jeunesse…

Mûri dans les années 1970 et créé en 1982 par le Ministère de la Culture, l’Orchestre Français des Jeunes (OFJ) constitue pour les jeunes musiciens sortis du conservatoire une première expérience du travail au sein d’un orchestre – et donc un tremplin vers leur intégration professionnelle. Si les Conservatoires de Paris et Lyon se trouvent particulièrement représentés à l’issue du concours de recrutement, prestige et nombre obligent, on trouve dans les rang de la formation des étudiants des quatre coins de l’hexagone. Depuis 2007, l’ensemble a sa résidence au Grand-Théâtre de Provence, à Aix-en-Provence, et est dirigé pour la troisième fois par Dennis Russell Davis. L’évènement Marseille 2013 a par ailleurs donné un coup de projecteur supplémentaire sur ce programme qui réconcilie la raison pédagogique et l’artistique et a réuni pendant une semaine, dans le cadre des échanges européens au sein de la Fédération des Orchestres nationaux de Jeunes, les français aux espagnols, aux italiens et aux irakiens. On reconnaît ces derniers au costume traditionnel qu’ils arborent fièrement en ce mercredi soir où l’OFJ étrenne le concert de leur session d’été. On le sait, la musique relie les hommes tels des frères – et il n’y pas que Daniel Barenboïm à l’avoir compris.

Wagner en version de poche

Incontournable en cette année de bicentenaire, Wagner s’invite dans la version réduite que Lorin Maazel a réalisée de la Tétralogie. Le Ring sans paroles est un voyage de moins d’une heure – pour plus de quinze dans l’intégrale – dans la vaste fresque du compositeur allemand. Le chef américain a compilé et cousu les extraits pour en faire un fleuve musical continu et cohérent. L’on y reconnaît évidemment les grands moments de l’opéra, tels le prélude de L’Or du Rhin, La Chevauchée des Walkyries ou encore La Mort de Siegfried. Mais l’on ne peut s’empêcher d’éprouver une certaine frustration de ne pas retrouver la rencontre entre Brunhilde et Siegmund ou de n’entendre qu’une esquisse de l’Entrée des Dieux aux Walhalla ou des Adieux de Wotan. C’est que la réécriture favorise le dynamisme dramatique vers la conclusion du cycle, Le Crépuscule des Dieux, qui représente presque la moitié de la réduction. Surtout, ce sont les sonorités éclatantes qui sont privilégiées, au risque d’une relative superficialité et d’une exposition excessive des cuivres, souvent talon d’Achille de la France orchestrale.

La petite harmonie et le sens mélodie ont heureusement trouvé leur juste tribune en première partie de soirée, laquelle commençait avec la virtuose et généreuse Ouverture méditerranéenne de Milhaud, ici comme chez elle. Dennis Russell Davies y fait souffler une belle juvénilité que l’on apprécie également dans Iberia de Debussy, autre témoignage méridional d’un grand raffinement. L’oreille est agréablement caressée par ces couleurs variées et lumineuses, restituées avec une belle énergie qui fait pardonner les imprécisions émaillant surtout le redoutable Wagner. Mais l’essentiel est ailleurs, dans cette volonté d’apprendre et de progresser si évidente et à laquelle répondent la patience et l’enthousiasme de Dennis Russell Davies. Ce n’est pas un hasard si plus de neuf musiciens sur dix passés par l’OFJ sont devenus professionnels. L’avenir n’a jamais été aussi tentant.

GC

Orchestre Français des Jeunes, en résidence à Aix-en-Provence, concerts de la session d’été du 14 au 23 août 2013

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