24 novembre 2020
A l’ombre des salles de cinéma

Bon, on attend donc le 15 décembre 2020…pour les naufragés du COVID, sorties annulées, reportées, décalées, oubliées…de vrais films-pas comme les séries Netflix. La jauge sera de combien? Réponse attendue de la rue de Valois, après la place Beauvau. Pas de séances de 20 heures, couvre-feu oblige. Au lit, les lapins, les vilains. Sinon voilà pour l’entre deux confinement. En juin, eh oui, ça paraît loin …

J+2, après une fête de la musique dimanche des plus calmes-sauf pour Patrick Balkany, en grande forme et pris en flagrant délit de pelotage sur une femme, voilà que ce lundi les cinémas ont enfin pu rouvrir avec les cadavres encore chauds des films stoppés net en mars dernier et les petits nouveaux tentant leur chance. Thomas Piketty, économiste français devenu une star planétaire, cosigne le scénario de l’adaptation de son best seller Le Capitalisme au XXIème siècle. Réalisé avant la pandémie, le documentaire débute par la chute du communisme qui, comme chacun sait a remis en cause au début du XXème siècle la sacralisation de la propriété privée héritée de siècles de féodalisme où les aristocrates-1% de la population- détenait 100% des terres. La Révolution française « une belle hypocrisie » promettant la liberté, l’égalité et la fraternité, ne résiste guère à une autre révolution, cette fois industrielle, qui créé toujours pour les mêmes non plus de la richesse avec les terres mais les outils de productions. C’est alors que Thomas Piketty montre à quel point l’avidité, congénitale à l’humain (la vidéo du Monopoly est sans appel), fait des anciens serfs partis à la conquête de nouveaux territoires- Etats Unis, Australie, Canada- de nouveaux maîtres avec l’esclavagisme des noirs, main d’oeuvre corvéable et revendable à merci.

La leçon d’histoire continue pour expliquer l’économie. 1914, les riches exacerbent les nationalismes ce qui affaiblit les revendications de lutte entre classes avec cette idée, chères aux junkers (aristocrates allemands), que « Rien ne vaut une bonne guerre », alors pourquoi pas deux? Les USA s’enrichissent dans l’effort de guerre, en récoltent tous les avantages; devenues la première puissance mondiale, voilà les trente glorieuse, « une période de confort qui restera unique dans l’humanité ». Crise du pétrole, crack boursier, financiarisation de l’économie, la théorie du ruisselement chère à Reagan et un certain Macron est un échec: la classe moyenne qui dépend de sa force de travail s’est paupérisée avec un revenu qui stagne depuis quatre vingt ans tandis que les plus riches voient leur capital croître au point de détenir aujourd’hui 80% des richesses mondiales. Rien de nouveau donc dans ce documentaire après la critique du système par les mouvements Nuit Debout, Occupy Wall street ou encore les Gilets Jaunes d’autant que Thomas Piketty ne propose mollement comme solution dans les dernières minutes que de taxer plus les riches.

Reste que dans l’exercice de mise en perspective historique, l’économiste réussit mieux que le réalisateur Martin Provost avec sa comédie La bonne épouse qui revient sur le combat des femmes au foyer pour leur émancipation avant que mai 68 ne fasse voler en éclat les traditions. Juliette Binoche en fait des tonnes pour incarner cette femme dévouée à son mari et à sa cause: former les jeunes filles à leur futures tâches ménagères. Les ficelles sont aussi grosses que le tour de taille de la belle soeur cuisinière- Yolande Moreau et de la bonne soeur traditionaliste jouée par une Noémie Lvosky méconnaissable. Edouard Baer complète le casting, tout aussi ridicule, à l’image de ce final qui singe la comédie musicale

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