6 juillet 2014
A la Villette, Raphaëlle Boitel jongle avec l’inconscient

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L’affiche du spectacle de Raphaëlle Boitel est limpide, ce spectacle va nous faire remonter loin, très loin. Dans le temps d’abord: sur l’affiche la chorégraphe agite deux bandes de tissu telles les ailes d’un immense papillon. La référence à Loïe Fuller est assumée. Dans sa mémoire ensuite: contre l’oubli,  elle plonge dans ses souvenirs et s’accroche à ses réminiscences.
L’aspect intime et probablement autobiographique du spectacle apparait d’ailleurs dès les premières minutes du spectacle. Un homme tombe dans le coma en ouverture. Face à la douleur et au refus de le perdre, l’heroïne décide de l’y rejoindre en y plongeant à son tour. Cet épisode douloureux traité déjà avec beaucoup d’humour est le point d’entrée dans ce qui va faire le coeur du spectacle, la plongée dans l’inconscient de la chorégraphe.

Entre acrobaties et émotion

Le spectacle devient alors une succession de scènes parfois époustouflantes, qui surgissent de façon aléatoire à la façon d’une nuit où se bousculent rêves et cauchemars. Formée à l’école du cirque d’Annie Fratellini, la chorégraphe utilise d’abord l’acrobatie pour faire vivre ces souvenirs. En se jouant des lois de la gravité à la manière d’ Aurélien Bory, avec qui elle a déjà travaillé, Raphaëlle Boitel crée souvent des scènes époustouflantes. Une des plus réussies met en scène la reconstitution d’un repas familial, où un personnage redevenu enfant voit se dérober sous ses mains tous les éléments à mesure que le souvenir s’efface. Essayant en vain de les retenir, la chorégraphe s’accroche désespérément à la table qu’elle finit par emporter avec elle dans les airs.

Cet enchaînement aléatoire des scènes souligne pourtant l’inégalité du spectacle. Brillante dans l’acrobatie et les jeux de lumière, les scènes plus théâtrales ne convainquent pas et sont de surcroit souvent répétitives. Il n’en reste pas moins une soirée à l’intimité touchante quand elle n’est pas déchirante.

Par Florent Detroy

L’oubliée, de Raphaël Boitel, à la Grande Halle de la Villette, jusqu’au 12 juillet 2014

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