3 avril 2012

 

C ‘est non loin de la Bastille, en  se rapprochant de la République- enfin de sa place- que Mélenchon a savouré avec le monde culturel sa position de troisième homme, devenant le » Marine » de Hollande. Alors, beaucoup de journalistes, une camionette régie de I TV et une cohorte de sympathisants étaient là,  devant le Bataclan, dès 19 h30 pour applaudir Sanseverino  pour le plus connu et autres artistes comme cet humoriste « les riches ont du bien , les pauvres ont du mal », venus soutenir le candidat du Front de gauche. L’occasion de boire des bières devant un bar qui ne désemplit pas, proposant aussi des coupes de champagnes. « Je n’en ai vendu que six », ouf, les gauchistes ne boivent pas encore la même chose que les nantis même si les derniers sondages donnent matière à se réjouir… Le trublion politique de la Matinale de Canal Plus  cherche quant à lui, avec sa tête d’ahuri,  les sonores, ne lâchant pas Guy Bedos en train de s’en griller une sur le trottoir et venu voir,  à défaut de véritablement soutenir:   » J ‘ai de la sympathie pour certaines de ses idées. Maintenant, je ne vais pas monter sur scène! De toutes les façons, on sait tous qu’il ne va pas être président, non? « .

Fête de patronage

Dans la salle, premier constat, les moyens sont plus légers que pour Hollande et son Cirque d’hiver (voir article). L »improvisation semble régner avec un côté « fête de patronage »; on cherche les micros, les intervenants aussi, responsables d’ associations diverses et autres personnes de bonne volonté comme les « Matermittantes » (les mères en CDI avec leurs enfants et dans la précarité avec leur emploi) qui racontent comment la vie est dure et les initiatives solidaires qu’ils multiplient. 21 h 48, la star arrive, discrètement. Le public scande « Jean Luc » puis « Président ». Mais celui-ci laisse sa place à Bach, joué au violoncelle,   » un vieux ringard, pas habitué des meetings, preuve que le changement arrive » s’amuse la musicienne. Jean Luc écoute, tranquillement assis dans un canapé sur la scène. Derniers à intervenir,  les indignés du PAF. « Êtes vous content du traitement de l ‘info aujourd’hui?  » .  L’animateur, pas vraiment bout en train, enchaîne platement, citant Philippe Caubère et « comment la Bastille (l’)a réveillé ».  « Nous nous manquions, nous nous sommes retrouvés », voilà bien le leitmotiv du discours qui va suivre, façon développement personnel. Enfin derrière le pupitre, un premier constat, Mélenchon est petit, mal fagoté dans son costard tandis que « Résistance » est hurlé dans la salle. « Ça me fait toujours un bien fou de voir ça ». Puis d’ajouter comment il n’est pas le candidat « providentiel » et ne va pas proposer des solutions sur le dossier « qui vous préoccupe ». Voilà, tout Mélenchon en quelques phrases est là; ne rien promettre, parler vrai et s’adresser au gens. Avec des mots simples pour « faire en sorte que l’on ressort d’ici un peu plus grand pour savoir quoi faire »  et lutter contre cette »mécanique qui nous écrabouille » .

Aide toi, le ciel t’aidera

Un nuage de fumée l’enveloppe alors « ah,  là,  je ne vous vois plus! ». Mélenchon est avant tout le complice, ne tenant pas en place devant le micro, chaussant de temps à autre ses lunettes pour un rapide coup d’oeil à ses notes. « Ce qui se passe ici est parti du peuple, c’est plus grand que le candidat lui même, vous ne vous débarasserez pas d’eux même si vous vous débarassez de moi! ». La salle applaudit, le sourire aux lèvres, écoutant avec bonheur les deux mals qui rongent notre société d’après le  candidat de gauche: le capitalisme moribond venu des Etats Unis, puissance agissant comme une » bête blessée » devenue par conséquent dangereuse et la crise climatique. La réponse à ces problèmes? « Elle est nécessairement culturelle ». Mélenchon fait référence alors au vin et ses copeaux de bois ou au staut des intermittents du spectacle qui a servi de « cahier de brouillon à l’exploitation des travailleurs dans le pays ». Puis à la culture en général, et sa vision « bourgeoise »:d’abord travailler, ensuite consommer de la culture ». Une demi heure a passé et pas un pique n’a été lancé aux  autres candidats, ça repose…Mélenchon demande aussi à ses électeurs de se prendre en charge « Parlez vous à vous même, vous ne changerez rien si vous attendez que ça vienne d’en haut ». L’idée de fraternité domine, avec simplicité comme ce salut final « Allez les amis, à bientôt ». Le candidat ne s’attarde pas, un groupe musical est déjà sur scène, essayant de capter l’attention alors qu’un vague se dirige vers la sortie « On nous avez prévenu, vous allez faire la deuxième partie de Mélenchon! ». Pas de tee shirt, ni de pin’s n’ont été distribués; mais des livres, de la bonne volonté et cette impression plutôt agréable  en sortant que la politique peut être autre chose qu’un spectacle lorsqu’elle est faite et s’adresse à « des vrais gens ».

 

Par Jim

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