4 janvier 2012
Nocturne policier

C’est un film Noir. Un de ces polars qui n’apparaissaient plus beaucoup sur les écrans de cinéma. Dans « Une Nuit », le réalisateur Philippe Lefebvre dévoile une ville et un métier aussi sombres qu’envoûtants à travers le personnage de Simon Weiss –parfaitement incarné par Roschdy Zem–commandant  à la Brigade Mondaine de Paris. Chaque soir, il entame sa tournée des établissements de nuit de la capitale. Une nuit pourtant, les choses vont être différentes… Simon saisi rapidement qu’on tente de le coincer et va tenter de se protéger face aux protagonistes de la nuit entre l’IGS Inspection Générale des Services ou police des polices, et les malfrats…

Quiconque s’attend à voir des flics dégainer leur arme toutes les cinq  minutes et s’adonner à des acrobaties irréalistes sera déçu. Dans ce film, Philippe Lefebvre, habitué à ces univers noirs, Le Juge, Le Transfuge,  a voulu montrer ce qu’il y a au-delà des apparences. Durant une nuit entière, on suit l’histoire d’un flic qui accepte de temps en temps une petite enveloppe mais qui garde un code de l’honneur très affirmé et ne trahit jamais. Face à un avocat qui utilise son éternel ami joué par Samuel Le Bihan à qui le rôle colle parfaitement à la peau– le flic  va peu à peu réaliser sa solitude et comprendre le piège tendu sous l’autorité d’une femme policier planquée. Certes il va savoir se défendre… mais tombera-t-il ? Toujours est-il qu’il réussira à régler ses comptes et protéger sa famille, dans un Paris nocturne et angoissant.

Paris, « personnage » omniprésent

Car c’est bien ce qu’on ressent dès les premières images : une angoisse sourde que le réalisateur s’applique à instaurer tout au long du périple nocturne du commandant Weiss. A commencer par la première boîte, située… à Pigalle. Quartier connu pour être LE lieu de l’extravagance parisienne en tout genre. Argent, sexe et violence. Pourtant dès les premiers plans, on comprend qu’il s’agit de tragédie et de destin plutôt que d’une énième dénonciation du pays des voyous. Accompagné de Laurence, son chauffeur du soir –brillamment joué par Sara Forestier, Simon poursuit donc sa quête qui ressemble autant à une fuite en avant, à travers un Paris qui ne voit jamais le jour. Et que le spectateur découvre sous un autre aspect alors qu’il pensait le connaître. Car ce Paris-là, c’est celui des apparences, qu’on sait aussi belles que trompeuses lorsque la lumière du jour s’éteint et que celle des lampadaires, lasers et boules à facettes s’allume.

Un petit hic quand même, certaines scènes capitonnées de phrases bateaux et situations relevant plus de la fantaisie que de la réalité. « Un enculé ça reste un enculé », « Si vous n’aviez pas peur de mourir vous ne fumeriez pas des Light », « C’était limite non ? Y’a pas de limite. » Même si le casting avec Sara Forestier, César de la meilleure actrice cette année et Roschdy Zem, réalisateur du magnifique « Omar m’a tuer » est excellent, il est dommage d’entendre ce genre de répliques dans la bouche d’aussi bons acteurs. Ce qui ne nous empêche pas d’apprécier le film, et de retenir ce que rétorque Simon Weiss à la police des polices, à savoir que « ce n’est pas [le flic] qui [est] dangereux, c’est [son] métier ».

Par Camille Pégol

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