20 mars 2013
Mourir au monde

Il fut un temps où l’on enfermait facilement les jeunes femmes. Après Camille Claudel 1915 revenant sur l’internement de la sculptrice par sa propre famille, voilà La Religieuse, long métrage de Guillaume Nicloux sur une autre jeune fille « sacrifiée » par ses parents. Dernière fille illégitime née d’une famille bourgeoise, Suzanne est orientée malgré sa réticence vers les ordres. Le film montre les deux années durant lesquelles elle tentera intelligemment de clamer son absence de vocation. Car, « mourir au monde » , tel est le programme de ces couvents où les soeurs sont à « Dieu pour toujours » et accessoirement aux mères principales qui peuvent avoir de l’amour, de la haine ou du désir à revendre- selon. Alors pour cette jeune fille de 17 ans, merveilleusement jouée par Pauline Etienne, « appelée à connaître la vie », cette vie monastique sera un véritable chemin de calvaire à l’image de cette accumulation de voiles, de blouses et de chasubles tenant de la camisole. Sans compter que s’opposer est immédiatement assimilé à être possédée par Satan; de quoi déclencher le sadisme de Soeur Christine, effrayante Louise Bourgoin qui infligera les pires sévices à cette trop intelligente novice, bien éloignée de la commisération que l’on  peut attendre d’une servante de Dieu. A moins que ce ne soit la passion qui habite la mère supérieure comme chez Isabelle Huppert qui se consumera jusqu’à la folie pour sa nouvelle recrue. Un film fort et dur, aux décors et aux costumes à l’esthétique parfaite, propre à la méditation avec pour cette dernière adaptation du livre éponyme de Diderot, une vision moins noire que celle de Rivette.

AW

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