4 mars 2013
Le conflit israélo-arabe en mélangeant les couleurs

Noir ou blanc, il est rare de pouvoir dire où est le bien où est le mal…surtout dans ce conflit où le terrorisme deviet la seule réponse à l’occupation… En France, pendant la guerre 39-45, on a appelé cela des résistants. Et en ex-Palestine et dans les territoires occupés? Ce documentaire donne la parole à six anciens chefs du Shin Beth, équivalent israëlien du FBI, qui vont commenter vu de leur côté plus de soixante ans de face à face. Les images de drones avec cette question: tire-t’on ou pas pour abattre un terroriste avec les dommages collateraux inhérents? On pense aux  Justes de Camus, les états d’âme de tout homme qui doit tuer, on évoque les tortures avec cette prison « où passé la porte, tu es prêt à avouer que tu as tué Jésus ». Comment on forme des « shadow dancer », des agents doubles prêts à trahir leur propre famille, avec à l’arrivée la réduction du terrorisme après la guerre des Six jours, de 20 attentats par semaine à 20 par an. L’occupation? « Il n’y eut aucune stratégie, que de la tactique ». En 1982, Israël envahit le Liban; des terroristes arabes sont lynchés, le peuple demande des comptes. Ces hommes de l’ombre, corvéables à merci vont réaliser qu’au premier raté, ils ne sont pas soutenus.

Le terroriste des uns est le résistant des autres

Première  Intifada, le peuple des territoires occupé sans que personne au Shin Beth ne voie rien venir. Un désaveu, « même si personne n’a vu non plus venir la chute du mur de Berlin… Accords d’Oslo, Rabin avec Arafat, la paix se dessine, le Shin Beth doit  quitter le terrain. 1994, les attentats redoublent, puis l’assassinat de Rabin « un tueur qui à lui tout seul a changé le cours de l’histoire » Le Shin Beth va alors traverser une crise profonde avec ses services secrets censés être au courant de tout et qui n’ont rien vu venir… Dans ce documentaire passionnant, une image alors frappe: Peres et Arafat n’arrivant à se mettre d’accord sur lequel des deux va passer en premier la porte.. De quoi résumer la situation depuis  ce processus de paix qui fait du sur-place, ce mur qui a été construit, et cette phrase implacable « Pour nous les Palestiniens, la victoire c’ est de vous voir souffrir », comme lorsqu’ à Tel Aviv, les civils sont déchiquetés dans les bus. F16 Israéliens contre commandos suicide du Hamas, la loi du talion règne avec une question pour tous ces anciens chefs « quel maillon de la chaîne devons-nous briser? ». Utiliser une bombe d’une tonne dans un quartier d’habitation dense?  « Tu tues un terroriste, tu en crées cent! » La banalité du mal, le travail qui devient « à la chaîne », et au final  » tu te poses de moins en moins de questions… » Alors ces anciens espions, aux mains forcément sales admettent que lorsque l’on sort du Shin Beth « tu deviens un peu gauchiste »! Surtout en pensant à tous ces jeunes Israéliens qui sitôt leur bac passé, hommes ou femmes, sont envoyés sur le terrain, « décidant si tel père de famille palestinien a droit de passer ou pas… » Alors le regard bien de face, la conclusion s’impose pour tous ces hommes aujourd’hui frappés de lucidité et qui ont dédié leur vie aux services secrets de leur jeune pays: « Nous gagnons chaque bataille mais nous perdons la guerre. » Un document passionnant et édifiant.

 

AW

The Gatekeepers, diffusé sur Arte le mardi 6 à 20 heures 50

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