Bon appétit ou bonne chance?

La plus grande ferme de France ouvre aujourd’hui ses portes à Paris avec une visite du Président Hollande. Il y a un an, l’ensemble des candidats en avait fait un passage obligé même si les agriculteurs ne representent plus que 3% de la population active et qu’en 20 ans, le nombre des exploitations agricoles a baissé dans l’hexagone de plus de la moitié; elles ne sont plus que 515 000 aujourd’hui, soumises à la rude concurrence suite à la mondialisation des marchandises et des animaux. Avec ses plats cuisinés à la viande de cheval, le secteur agro-alimentaire vient de montrer cruellement les limites du système; traçabilité de plus en plus difficile à établir en multipliant les fournisseurs, gageons que dans cette sombre histoire, le boucher du coin -pour ceux qui ont les moyens- a dû voir son chiffre d’affaires augmenter. Quant aux autres, peut-être cela les a-t’il consolés de ne pouvoir manger de la viande chaque jour, y compris les agriculteurs qui avec des semaines de 80 heures touchent à peine un smic.

Savoir ce que l’on mange, ce que l’on met dans notre corps qui est notre unique capital « non remplaçable », voilà depuis longtemps une mesure de sauvegarde que l’homme contemporain a négligée. Difficile par ailleurs de remplir un caddy si l’on ne veut y mettre que des aliments parfaitement identifiés…

Des hormones par milliers

Alors le consommateur en est réduit à jouer à la roulette russe, essayant de bannir ce qui lui paraît le plus dangereux comme ces saumons élevés en Norvège, devenus mutants et déformés, comme l’a montré l’excellent documentaire de Coline Serreau, Solutions locales pour désordre global. À voir les bœufs de concours présentés à la porte de Versailles, il est également légitime de se demander à quoi ont été nourries ces bêtes  pour devenir des montagnes de graisse pesant plus d’une tonne et que vous avez peu de chance de revoir l’année prochaine vu leur espérance de vie. Quant aux stands de groupes agro-alimentaires, il est fort à parier qu’ils devront offrir plus qu’un stylo ou autres gadgets pour se faire pardonner d’ avoir été pris la main dans le sac! Voilà qui fera baisser provisoirement leur chiffre d’affaires mais ne les empêchera pas de continuer d’écouler des produits sans aucun contrôle à l ‘image des aliments pour nos animaux de compagnie qui sont de plus en plus nombreux à partir avant le terme de leur courte vie d’une quelconque variété de cancer. De quoi les associer au triste sort de leur propriétaire…

Par April Weaver

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