24 janvier 2012
Jungle Urbaine

Lorsque j’étais enfant, je rêvais de fuguer pour rejoindre un cirque. Ce rêve s’est dissipé avec l’âge. Mais aujourd’hui, j’ai une dette envers le «Cirque Éloize» qui a fait renaître cet espoir en moi. Je serais honoré s’ils me laissaient les suivre en tournée, et pousser un balai après chaque spectacle. Je travaillerais juste pour gagner mes repas. «Eloize» -prononcez (el-waz)- nous vient du patois acadien et signifie «éclair de chaleur», littéralement, tempête ou vague de chaleur.

Le spectacle s’ouvre sur un plateau noir. Totalement dépourvu de lumière. Mais pas inanimé : vous pouvez sentir l’énergie au-delà de l’obscurité. L’anticipation rend l’attente interminable. Et puis, vos oreilles perçoivent un son ; puis les sons d’une grande ville. Les lumières embrasent la scène, et vous voilà transporté dans un cadre urbain familier transformé par une vision surréaliste. Piétons habillés de blanc, venus de tous les horizons de la vie citadine. Avec leurs ombres projetées sur les décors de fond de scène. Voilà que les artistes d’Eloize entament ce spectacle d’1 heure et 50 minutes, magiquement compressé, et qui semble durer au plus 10 minutes. Ce cirque canadien est étonnamment rafraîchissant, joyeux, novateur, énergique, émouvant, charmant, moderne, dans une lumière magnifique. Un régal pour les yeux, les oreilles et l’esprit, extrêmement divertissant, avec la remarquable capacité de transformer l’espace et le temps !
Avant de mentionner les artistes, je dois parler de la scénographie, des projections multimédia et de la musique. Si, pour quelque raison impie, les interprètes avaient été dans l’impossibilité de se présenter pour leur performance, et, que tout ce que l’on ait à voir soit la scénographie et les lumières étonnantes, j’aurais été tout à fait diverti pendant 1 heure et 50 minutes. Et si au contraire, pour quelque raison (à Dieu ne plaise) le décor avait dû disparaître, les lumières s’estomper, la musique cesser, j’aurais été, encore une fois, totalement diverti par les incroyables talents des artistes. La scénographie superbe, l’éclairage hypnotique, la musique nouvelle et délectable, avec les talents remarquables des interprètes, WOW!

Grâce, virtuosité et poésie

Les artistes ? Si vous avez un cœur, ils vous feront sourire. Ils sont délicieusement animés à chaque numéro. Si vous avez un peu de cervelle, ils vous feront haleter pour reprendre votre respiration. Je me suis pris à espérer pour eux, célébrant leurs tours d’adresse. À plusieurs reprises, ils ont amené la foule au  paroxysme, avec une fin très heureuse. Apparemment, personne n’a encore rien dit à ces jeunes artistes des lois de la physique et de l’apesanteur. Parce qu’ils les défient en même temps, avec le sourire (quand l’histoire le permet). Ils accomplissent d’incroyables numéros de force et d’agilité, des tours d’équilibre et de contorsion qui désorientent votre esprit. Jonglent avec un nombre impossible de boules. Exécutent chorégraphies, numéros de vélos et de rollers avec humour et brio. Courbent l’espace et le temps avec un numéro de trampoline époustouflant, et bien plus encore, le tout avec grâce, virtuosité et poésie. Ces jeunes artistes multi-disciplinaires atteignent un degré de maîtrise étonnant. Je les ai vus à deux reprises à Miami et ici, à Paris, et je n’attends qu’une chose : les revoir. Je les suis en quelque sorte ; tout ce dont j’ai besoin est qu’ils me proposent un balai pour mériter de rester avec leur troupe. Vous devez voir « iD » plus d’une fois: vous ne serez pas  déçus !

Par STEPHEN B. KING

 

Le Cirque Éloize a rassemblé trente mille spectateurs en décembre et janvier et reviendra au Grand Rex à Paris pour une série de représentations supplémentaires du 14 mars au 1er avril 2012.

 

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