Pour quelle raison pousse-t-on encore la porte d’un disquaire de quartier en 2012 ?C’est en partie pour répondre à cette question que le samedi 21 Avril avait lieu la seconde édition du Disquaire Day, version française du Record Store Day. Le principe ? Proposer des disques vinyles en édition limitée, disponibles pour l’occasion auprès de disquaires indépendants dans chaque ville, avec à la clé des concerts organisés dans les boutiques, et des clients à la chasse aux perles rares, rééditions ou autres nouveautés. Inventé par Michael Kurtz en 2008 aux USA, le parrain de l’édition 2012 n’était autre qu’ Iggy Pop. Dans l’hexagone, plus de 200 disquaires ont participé à cette manifestation, organisée par le CALIF (Club Action des Labels Indépendants Français).
Convivialité et nostalgie
L’intérêt de tout cela: d’abord pour le conseil et l’échange, avec des boutiques tenues par des passionnés, spécialistes la plupart du temps d’ un registre musical précis. Chez Fargo, qui vient d’ouvrir une boutique rue de la Folie Méricourt dans le 11ème arrondissement de Paris, la musique américaine est ainsi à l’honneur : Country, Rock, Blues, Folk, en CDs, vinyles… Le microsillon a la côte, chez les trentenaires notamment. Nostalgie ? Culte de l’objet ? Clément, disquaire chez Fargo nous offre son point de vue sur cette tendance : “ Disons que la musique est maintenant disponible ultra rapidement, dans des quantités énormes, sans se déplacer de chez soi, mais sous forme dématérialisée. Je pense qu’une partie de la population a besoin de cette matérialisation, et le vinyle en est la forme la plus prestigieuse et agréable. En plus avec le CD ou le coupon de téléchargement fournis, il y a aussi l’aspect pratique du numérique, donc le vinyle a un sens en 2012. Il y a aussi des gens qui n’ont jamais lâché le vinyle! “
Neil Young ne déclarait-il pas , il y quelques mois, que le piratage était devenu la nouvelle radio et le moyen de diffuser la musique, provoquant ainsi l’acte d’achat.
Témoin, la file d’attente chez Fargo faisait 100 mètres de long dès 7H30 du matin devant la boutique (elle ouvre ses portes à 10h). Une belle journée pour le business, mais pas seulement. Echange de passionnés, et ambiance détendue malgré la foule : “ Les gens ont bien compris le principe de l’évènement, tout s’est fait dans la bonne humeur, on a offert des cafés aux clients qui attendaient devant pour les remercier de leur présence, on a eu des articles de presse sur la boutique, et surtout l’ offre était intéressante, entre l’import et les sorties du calif, il y avait de très belles pièces pour ce disquaire day ! “ raconte Clément.
Reste que selon l’observatoire de la musique, la France comptait 3000 disquaires environ dans les années 80, et moins de 200 dans les années 2000. Participant au disquaire Day, Frank de Ground Zero attire l’attention sur le fait que cette manifestation ne devienne pas “ une fête des mères du disque ” avec un intérêt pour le métier un seul jour dans l’année. Cependant le Disquaire Day, par sa communication efficace, a offert un éclairage positif et valorisant sur les disquaires indépendants et montre qu’avec des initiatives de ce genre, le disque tourne toujours rond…