28 novembre 2012
Violeta forever !

 

A la manière d’un Anton Corbijn avec Control qui retraçait, avec intensité et honnêteté, la vie de Ian Curtis, Violeta est l’un de ces films biographiques qui marquent l’esprit du spectateur. Qualifiée de « mère de la folk latino-américaine » par bien des critiques, l’inimitable Violeta Parra renait tout simplement grâce à  ce film sous nos yeux. Certes sa mémoire ne s’est jamais vraiment éteinte, mais ici c’est tout son corps, sa voix, sa présence qui s’offrent à nous. Andrés Wood, réalisateur chilien de Machuca (film sélectionné au festival de Cannes 2004), fait revivre l’icône de la culture chilienne populaire. Poète, peintre, sculptrice, céramiste, c’est sous sa casquette de chanteuse que Violeta Parra se fera réellement connaitre en 1967 avec son célèbre Gracias a la vida. Elle sera la première artiste latino-américaine et la première femme à exposer au Louvre en 1964. « Je chante là où l’ on m’écoute ». Artiste tourmentée et passionnée au franc parler, éprise de liberté et politiquement engagée, cette amie de Pablo Neruda qui a appris à chanter « en regardant les adultes », sillonnera les routes du Chili à la recherche du folklore et des traditions musicales chiliennes.

« La vie n’est pas une fête »

Devant la caméra de Wood, Francisca Gavilan, est tout simplement magistrale. Tout au long du film, nait chez le spectateur une sensation étrange, mais non moins déplaisante d’assister à une sorte de docu-fiction dans lequel la chanteuse jouerait son propre rôle tant la ressemblance est troublante…L’actrice interprète elle-même le répertoire de Violeta, présent tout au long du film. Adapté du livre d’Angel Parra, ,Violeta Parra ma mère, certains lieux ont été reconstitués à l’identique, tel le chapiteau au pied de la Cordillère des Andes, grâce à la mémoire de ce dernier. « La douleur ne peut pas être interprétée par une voix académique, mais par une voix comme moi qui souffre depuis quarante ans ». On sait combien les plaies laissées par l’être aimé se referment difficilement, voire jamais pour certaines, Violeta ne l’a que trop su avec Gilbert Favre, l’homme qu’elle aima follement, éperdument, mortellement…Cette profondeur d’âme, ce désespoir si fort et si puissant, ce mal être quotidien, Andrés Wood le filme avec une justesse, sans fausses notes aucunes. « Ça ne s’annonce pas, ça se fait ». Obsédée par la peur de vieillir et jamais remise de son amour perdu, Violeta se donnera la mort en 1967 à l’âge de 50 ans. Comme James Dean, Marylin, Cobain, ou Curtis, elle entrera au Panthéon des icônes, sa mort ne faisant que sublimer et magnifier le mythe Parra. « Ne respecte pas la métrique, crie au lieu de chanter ». La beauté de ses textes, sa voix puissante et si particulière d’où s’éleva des cris de désespoir, Violeta fut une source d’inspiration pour de nombreux chanteurs chiliens, comme Victor Jara. Film proposé par le Chili aux Oscars, on lui souhaite la même trajectoire que Violeta, partie de Santiago pour conquérir le monde…

Par Laura Baudier

 

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