27 décembre 2012
Pour finir ou commencer l’année en riant

 

Entre la pression de la prophétie maya et de la crise économique, bien réelle, auxquelles il faut rajouter le bonheur d’ être en hiver et de vivre les jours les plus courts de l’année, la pluie, Noël quand on a une belle soeur effrayante de bêtise, il y a de quoi, pour ceux qui ne peuvent aller se lâcher sur des pentes enneigées, de quoi vouloir souffler. Et par la même occasion s’offrir une bonne soirée de franche rigolade sans « se prendre la tête » comme on dit! Bref si les enfants ont le cirque en ces périodes de fêtes où les théâtre font le plein comme jamais dans l’ année, voilà notre sélection pour cette fin d’année. Tout d’abord valeur sûre, Anne Roumanoff qui a investi le Théâtre du Palais Royal, un des plus jolis théâtres de Paris, donnant sur les jardins du même nom et avec une bonne cantine juste en face, Le Grand Véfour. Les sièges y sont bordeaux, tandis que sur scène, depuis la rentrée, le rouge vif est mis. Rou(ge)manoff à qui cette couleur donne selon ses dires de l’énergie, n’en manque résolument pas! Quasi pas d’accessoire-pas besoin, elle occupe la scène sans un temps mort dès les trois coups frappés et le rideau qui s’ouvre sur une musique genre gogo-dancer pour électriser le public. Cela sans laisser personne « de côté » dans cette salle a priori conquise, tant il est impossible  de lui résister-elle et son « physique hybride » et de ne pas rire à ses formules, mêlant intelligence et bon sens.

Roumanoff, impériale

Lorsqu’elle parle de ces personnes rivées à leur téléphone « on était trois, elle, moi et son smartphone », de Facebook « où l’on peut avoir 4000 amis mais tu déménages un jour férié et tu vois qui vient t’aider! » ou encore comment le sport vide la tête, « il n’y a qu’à écouter un sportif après un match! ».  Alternant les personnages comme cette charcutière qui tente de joindre sa banque et tombe sur ces plateformes qui nous ont tous un jour rendus fous, parlant bien sûr des politiques « DSK, 6 millions de dollars les 6 minutes, c’est dur à avaler », « Bien mal acquis ne profite qu’à Bernard Tapie », « Ayrault, c’est comme un épisode de Derrick, tu t’endors avant la fin » ou encore Bayrou, « qui est comme un centre commercial, tout le monde y fait un tour sans jamais rien n’y acheter ». Elle s’attaque aussi à la dureté de la vie quotidienne, pour les pauvres « quand tu fais le plein d’essence, tu as l’impression de te faire braquer sauf que c’est toi qui tiens le pistolet! », et les riches « sauvez-nous, nous qui dépensons beaucoup plus que les pauvres! ». Et n’hésite pas non plus à jouer avec le public lorsqu’elle devient une coach québecoise chargée de nous faire éliminer les « toxines » vers la terre ou une présentatrice TV qui fait monter des spectateurs qui deviennent des témoins racontant leur vie sexuelle « hors norme ». Au final, un vrai moment de détente et de rire avec l’impression qu’intellectuellement, on nous a vraiment bien traités. La chose n’est pas si fréquente..

Noémie Delattre, une vraie « actrice »

Toujours au féminin, sur la plus modeste scène du Théâtre du Point Virgule, Noémie Delattre, une trentenaire pétillanteexpose quant à elle sa « vie d’actrice et de femme«  dans un show rempli d’humour et d’esprit qui tient maintenant l’affiche depuis un an.  Après s’être jetée dans l’arène du métier de comédienne à l’âge de 15 ans en formant le duo Delphine et Noémie  avec Delphine Lacouque, la jeune femme a poursuivi sa carrière au théâtre comme dans Le Comique,sous la direction de Pierre PalmadeAprès un démarrage un peu laborieux,  la comédienne trouve son rythme et accessoirement le public avec une succession de sketches à la fois drôles et bien pensés, relatant « sa vie, ses amours passées, son présent, ses journées »… Le rendez-vous galant « non fumeur », le monologue sur le féminisme, la chanson sur la liposuccion… « Je suis une actrice moi ! » lance- t-elle  avant d’ inviter un spectateur à monter sur scène pour lui « apprendre les clés du métier d’acteur » dans un duo très réussi mêlant improvisation et connivence devant un public conquis.

Au pays d’Ali

Voilà qui est bien le cas également de la valeur montante dont tout le monde parle, Ali Bougheraba qui telle une mouette survole lui son quartier, de manière poétique, à la façon d’une fable, pour nous en dévoiler les attraits avec un humour débordant. Son pays des merveilles, c’est le Panier de Marseille, lieu de mémoire aux habitants multiéthniques. Autant de  personnages qu’il côtoyait étant plus jeune ; du concierge raciste à la vieille voisine d’immeuble en passant par ses amis et sa famille, grâce aux voix, aux gestes, aux expressions, Ali redonne vie à  tous ces inconnus, mimant jusqu’ à la lecture du journal avec le bruit des pages que l’ on tourne pour une évocation subtile de la  vie en banlieue entre racisme et solidarité, pour la valeur montante de cette année.

Dans un autre genre, Jonathan Lambert que l’on ne présente plus. Deux ans après son premier spectacle L’homme qui ne dort jamais , Jonathan Lambert est de retour, à La Cigale, mais cette fois chargé de ses multiples « Perruques » . Successeur de Florence Foresti, c’est à partir de 2007, sur le plateau de l’émission On n’est pas couchés présentée par Laurent Ruquier,  que l’humoriste a fait ses preuves, caché derrière de nombreux personnages devenus célèbres aujourd’hui. Difficile d’avoir échappé à l’incontournable Damien Baizé, tant redouté par la gent féminine qui se jette ici sur l’ assemblée sans ménagement. De l’esthéticienne qui « déjà petite retirait les points noirs aux coccinelles » au notaire de Limoges en passant par son fils homosexuel « mannequin pour les mains », chacun d’entre eux séduit et démontre avec quelle facilité déconcertante le comédien change de visage en changeant simplement de perruque. Un vrai tour de force, à l’ image de la pièce les Hommes viennent de Mars, Les Femmes de Vénus qui, après cinq ans et 1200 représentations entame sa dernière ligne droite. Les spectateurs, pour la majorité venus en couple, se retrouvent alors face à Paul Dewandre, un Belge vêtu d’une blouse blanche, une baguette à la main, chargé de leur apprendre les différences entre les hommes et les femmes. Initialement prédestiné au commerce et à la gestion, cet homme marié et père de quatre enfants a fait la connaissance, il y a une dizaine d’années, de John Gray (auteur du célèbre bestseller dont il s’inspire) en se rendant à l’une de ses conférences. Le but ? Y « apprendre à marquer des points pour éviter un retrait de permis «  ; à titre d’exemple, ce spécialiste nous parle de sa propre expérience avec sa femme Corinne, qui fait désormais partie intégrante du spectacle, tout en suscitant la participation du public, allant jusqu’à appeler un couple sur scène pour illustrer une situation façon « thérapie de groupe ». Alors maintenant, reste à vous de voir avec lequel de ces humoristes vous avez envie de passer la soirée…

Par Léa Hassid et LM

Anne Rou(ge)manoff au Théâtre du Palais Royal jusqu’au 6 janvier 2013

Noémie Delattre au Théâtre du Point Virgule jusqu’au 31 décembre 2012.

 Ali…Au pays des merveilles, au Théâtre des Dix Heures jusqu’au 31 décembre 2012

 Perruques  par Jonathan Lambert en tournée dans toute la France : à La Cigale du 18 au 31 décembre, puis en prolongation du 26 février au 1er mars au Théâtre Marigny.

Les Hommes viennent de Mars, Les Femmes de Vénus au théâtre du Gymnase jusqu’au 26 janvier 2013.

 

 

 

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