26 janvier 2014
Pierre Rabhi/ Sobre décroissance

547-Sobriété_(2)
Au forum économique mondial de Davos, ce rendez-vous annuel du gotha international de la finance et de la politique qui vient de s’achever, Pierre Rabhi ne sera jamais invité. Non pas parce que le ticket d’entrée est de 16 000 euros – hors frais d’hébergement et de transport, plus une cotisation annuelle de 35 000 euros- mais parce qu’il est aujourd’hui, celui qui dénonce, avec calme, sans jamais se départir de sa sérénité et de son assurance, la « modernité » comme étant « l’idéologie la plus hypocrite de l’histoire humaine », et une « arrogance totalitaire ».
Cet Algérien musulman, orphelin de mère à 4 ans, élevé par un couple de Français, devenu catholique, vit avec Michèle depuis quarante-cinq ans. Ensemble, ils se sont engagés vers la sobriété, la modération,  la nature et l’humain qu’ils placent au centre de tout. Le cœur et la fraternité contre la vulgarité de la finance.

Trop tard?

Ce penseur et humaniste autodidacte que les intellectuels s’arrachent, tient un discours que les 85 personnes les plus riches de la planète (et qui possèdent autant que les trois milliards et demi les plus pauvres, nous apprend un rapport d’OXFAM), se gardent bien d’écouter, elles qui sont convaincues que « tout ce qui n’a pas de prix n’a pas de valeur » ou que « faire envie est un élément important dans le processus mimétique mis en œuvre afin de stimuler le désir. »

Il est pourtant déjà tard, « plus tard que tu ne penses » aurait dit Gilbert Cesbron. Le cancer est bien là, nourri par la dérèglementation financière, les mesures d’austérité et les politiques défavorables aux femmes.

Pour y remédier, Pierre Rabhi en appelle à « l’insurrection des consciences (…)  fondée sur la puissance de la modération comme antidote à la puissance du lucre. (…) Pour atteindre ce but, la sobriété s’avère une nécessité absolue. Il nous appartient, en la comprenant profondément, d’en faire une option heureuse, débouchant sur une vie allégée, tranquille et libre. »

Par Dominique Saint-Clair

Vers la Sobriété heureuse de Pierre Rabhi publié chez Actes Sud – collection BABEL

Son association COLIBRIS, mouvement pour la Terre et l’Humanisme, a été lancée en  2007, pour encourager l’émergence et l’incarnation de nouveaux modèles de société fondés sur l’autonomie, l’écologie et l’humanisme.

Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt.
Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre.
Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelque gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu.
Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit :
« Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »
Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »
 
 

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