Vertigineux. 1 0000 m2 de surface d’exposition, 50000 amateurs et professionnels attendus, 130 galeries venues du monde entier, des signatures, des remises de prix… Paris Photo, l’un des plus prestigieux salon mondial de la photographie d’art investit pendant quatre jours la nef du Grand Palais avec, pour une seconde fois, Julien Frydman, ancien président de l’agence Magnum Paris. Auteant le dire tout de suite, le temps vous manquera, et vos yeux seront vite saturés devant l’offre d’un salon où les clichés d’Agnès B, herself valent 300 euros jusqu’à 600 000 euros pour un Big Nude de Newton chez Hamiltons ou 175 000 dollards chez Fraenkel Gallery pour ce visage d’enfant de Diane Arbus, vu dans sa rétrospective au Musée du Jeu de Paume en janvier dernier (voir article). Des espaces d’expositions aussi avec les musées invités comme le Urs Marseille d’Amsterdam ou la collection d’Audrey et Sydney Irmas de Los Angeles-sur le thème de l’autoportrait- Mapplethorpe, Arbus, Cindy Sherman, et la deuxième édition de Aqua, 10 photographes séléctionnés par Giorgio Armani pour leurs photos autour de l’eau, de piscine ou dans les mers-magnifiques plongeurs en lévitation de Aaron Siskind. Une nouveauté cette année -la thématique autour d’un pays a été abandonnée- «Paris Photo vu par… David Lynch», façon tags « David Lynch a aimé » offre un fil conducteur avec cette sélection personnelle et inspirée d’une centaine d’oeuvres parmi celles présentées par les galeries du salon, balisant ainsi quelque peu le parcours entre des stands qui se confondent et se ressemblent un peu tous… à première vue. Photos froissés,
De la chaleur et du grain
Noir et blanc, tirages argentiques sur papier barythé, expérimentations sur plaques de verre « ambrotypes » comme ces magnifiques portraits d’enfants de Mathias Olmeta à la galerie du Jour, tirages vintage, les galeries, cette années, semblent s’être données le mot pour remettre à l’honneur les fondamentaux de la photographie dite « traditionnelle », mise à l’honneur dans les 250 clichés exposés par ce collectionneur anglais, Timothy Prous sur son fond de 4,5 millions…. Et le noir et blanc qui confirme son grand retour à l’époque de ce robinet d’images qu’est internet. L’originalité? Certains imposent leur style dans la forme comme à la galerie Stephen Dater Gallery, avec une étonnante série de Charles Swedlund comportant 25 photographies format « oeil de boeuf » donc rondes, réalisées avec un objectif « fisheye » dans les années 70 et montées sur des boutons en acier. Etonnant et très réussi.
Le retour de l’argentique
Profitant d’une belle rétrospective autour du photographe du XIX ème siècle, Gustave Le Gray, juste en face, au Petit Palais, sur laquelle nous reviendrons, la galerie de Serge Plantureux met ses daguérréotypes datant de 1848 à l’honneur, vendues tout de même 50 000 euros chacune. En plein âge d’or du numérique, le retour aux vieilles techniques parait s’imposer chez les jeunes comme un des sept lauréats de la fondation SFR Jeunes Talents, Adrien Golinelli et sa série sur la «Corée du Nord/l’envers du décor» estampillée rolleiflex, format carré et film, une proposition qui ravira les amoureux du détail et des textures, » avec des regards que ni les guerres ni les dictatures ne peuvent éteindre »; de la couleur, oui, mais traitée en argentique et avec un boîtier bi-objectifs sans âge pour un reportage dans un pays où le temps semblent s’être arreté, rues sans publicité et quasi sans voitures. Voilà de quoi d’ailleurs s’interroger à l’heure où les rares laboratoires photos encore existants sur la place de Paris sont contraints de baisser le rideau par manque de commandes…
Grands d’hier et valeurs montantes
Si certaines galeries comme Camerawork, venue de Berlin continuent à afficher des valeurs sures avec Herb Ritts-comptez 15 000 euros ou Peter Beard chez Camera Obscura avec une série magnifique de 10 tirages-encore à peine secs-à 94 000 euros, André Kertész chez Vintage Budapest, Edward Watson et ses dos nus comme de l’art abstrait chez Johannes Faber-180 000 euros, d’autres proposent des artistes encore méconnus et pleins de promesses comme la galerie finlandaise Taik, avec Anni Leppälä, trente ans qui semble revisiter Richter ou encore la galerie polonaise Asymetria qui propose une série autour de la photo par temps de communisme en Pologne-magnifique.
Voilà en tous cas de quoi oublier les 28 euros demandés à l’entrée-14 euros pour les étudiants tant le choix est vaste et les photos présentées, à vous donner le tournis. Quant au acheteurs, la plus grande difficulté est de savoir quoi choisir…
Par Audrey Campion avec LM
Paris Photo 2012 du 15 au 18 novembre au Grand Palais de midi à 20h
William Klein , encore et toujours, comptez 15 000 euros la photo
Peter beard chez Caméra Oscura, 94 000 euros les 10 photos
Ambrotypes de Mathieu Olmeta, chez Agnès B; 3000 euros chacun
La collection privée de Timothy Prous, 250 photos de 1870 à 1980