5 octobre 2012
Philippe Djian/ Passage au « je »

Dans son dernier ouvrage Oh…, Philippe Djian, lauréat du prix Interallié,  livre une atmosphère oppressante, voire assez glauque. Et nous donne à « voir » la vie brisée d’une femme dont le parcours , depuis sa plus tendre enfance, n’a cessé d’être chaotique. C’est un passé douloureux qu’elle traîne derrière elle comme un boulet : « Je n’ai d’autre souvenir de cette période que celui d’une longue éclipse, d’un monde sans lumière duquel j’avais fini par penser que nous ne sortirions jamais ». Un passé en eaux troubles qui ressurgit et influe sur son actuel destin : « J’ai toujours eu peur que mon père ne m’ait transmis quelque-chose et que je ne sois qu’un mauvais maillon de la maudite chaîne ».

Quand plaisir, violence et honte s’entremêlent

Ce roman reflète ainsi un « arrière-goût » de sado-masochisme à travers les jeux pervers auxquels s’adonnent Michèle la protagoniste de l’histoire ainsi que Patrick son voisin. En effet, Michèle partage deux sentiments contradictoires : d’un côté, elle prend plaisir à se faire violenter par cet homme qu’est Patrick et en ressent de la jouissance mais de l’autre, elle éprouve un sentiment de honte et de dégoût : « Mes cris l’effraient. Je sais qu’ils sont convaincants, ils expriment une rage bien réelle qui provient du tréfonds et m’inonde (…) du terrible plaisir que je prends avec lui ». Le lecteur est alors comme pris en étau face à ces deux états d’esprit. C’est ici que réside la force de ce roman; Michèle se « relève » après être « tombée » à plusieurs reprises dans sa vie. Le lecteur lui, peut être surpris au début , du fait qu’il n’y ait pas de chapitre, ni de paragraphe qui puissent laisser un peu de respiration au texte mais on finit par se laisser prendre par ce roman dont on ne ressort pas indemne. De quoi ravir les amateurs de Djian et offrir aux autres,  un univers assez déroutant.

 

par Elise David

Oh… de Philippe Djian publié chez Gallimard

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