14 novembre 2015
Lucien Clergue, Vivian Meier et les autres au Grand Palais

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La FIAC tout juste démontée, voilà Paris Photo qui s’installe sous la verrière du Grand Palais. Et si Jim a passé plus de temps à la première à faire la queue pour récupérer un badge presse qu’à visiter les stands,  un conseil, prevoyez ici votre journée. Car, c’est la vie qui s’offre à voir ici, sous toutes ses formes de beauté-les nus de Lucien Clergue, de force, de violence, d’amour ou d’humour comme les clichés improbables de Philippe Ramette- Monsieur Hulot qui aurait rencontré JR-( comptez 18 000 euros pour un grand format vendu à la Gallerie Nippas). De la détresse également comme ce cliché fascinant de Marylin Monroe par Richard Avedon vendu 125 000 dollars par la galerie new-yorkaise Howard Greenberg.

Une star de la photo à la côte intersidérale qui côtoie sur le même mur une photographe de génie, morte inconnue. Car si Steve Mac Queen l’avait bien compris lui même  » être comédien (photographe) est une grâce, être une star, c’est de la merde », Vivian Maeier est l’exemple le plus abouti d’une femme -sans doute est-ce plus facile pour elles- qui a su échapper à la célébrité en n’aspirant à n’être que dans son art. Révélée dans le prodigieux documentaire A la recherche de Vivian Meier de Charlie Siskel sorti en 201, cette nounou s’employa sa vie durant à balader son rollerfleix dans l’Amérique des années 50. Doisneau, Willy Ronis, on pourrait tous les citer pour donner une idée du talent de cettefemme venue à la lumière à la grâce d’un carton rempli de milliers de rouleaux de pelliculesachetes 10$. Au total près de 120 000 négatifs qui sont tirés au compte goutte et vendu ici entre 2500 et 6500 dollars. Une reconnaissance tardive pour cette femme photographe qui aurait eu « anyway » tant de mal à s’imposer dans un milieu toujours aussi misogyne où, d’après le magazine américain ARTnews , 20 % seulement des expositions de photographie dans les musées américains ou européens sont consacrées aux femmes!

Une allée plus loin, la galerie Bernheimer propose les clichés de Lucien Clergues, disparu l’an dernier, de sublimes nus vendus  entre 4 200 euros pour un tirage récent, édité à 30 exemplaires et 11 500 euros pour un tirage vintage, cliché unique et tiré par l’artiste lui-même, lequel cessa de le faire en 1976, devenu allergique aux produits chimiques.

Lucien Clergue, le natif d’Arles qui reçoit les honneurs depuis vendredi dans les galeries hautes du Grand Palais avec l’exposition Premiers albums. L’occasion de retrouver cet homme respirant l’humanité qui créa non seulement les Rencontres Photographiques d’Arles, mais fut également un « voyeur » miraculeux. Ses nus dans la mer-Née de la vague– sont une ode à la femme, abyssale de beauté tout comme ses 198 natures mortes présentées sur un long panneau mural. Le noir et blanc des photos entre en résonance avec les damiers de la moquette; gitans, taureaux, enfants arlequins, Picasso, Manuel de la Plata, Cocteau, le bestiaire est généreux et poétique comme ce Langage du sable, simples sillons creusés par le vent devenant des figures animées. La photographie dans toute sa beauté et sa force. Chapeau bas.

AW

Paris Photo, jusqu’au 15 novembre 015, 19 heures au Grand PalaisLucien Clergues, au Grand Palais jusqu’au

 

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