26 avril 2012
Musée d’Orsay/ Nus magnifiques

Affluence record pour les derniers jours de « Degas et le nu ». Pour voir des seins et des poils, il vaut pourtant mieux se rendre au Grand Palais à l’exposition Helmut Newton (prolongée jusqu’au 30 juillet) tant le peintre, surtout connu pour ses danseuses reste dans l’épure et la suggestion…On est très loin en effet au fil des salles-y compris dans celle consacrée aux maisons closes de cette « Origine du monde » de Gustave Courbet qui fit à la même époque scandale. Il faut dire que si le nu a été au coeur des débuts de  l’oeuvre de Degas-homme ou femme, ce fut avant tout par le biais d’une approche de l’anatomie, influencée par Ingres et Delacroix,  bien éloignée d’une quelconque perversité…Le nu n’est chez lui pas idéalisé mais juste la représentation du corps déshabillé, souvent au moment de sa toilette. Pastels, dessins, les traits sont à peine esquissés chez cet artiste qui débuta en copiant les oeuvres du Louvre-en autodidacte, avant de suivre les cours du soir de la Villa Médicis à Rome. Un pur produit républicain pourrait-on dire…La rigueur qu’il acquiert alors lui fera par la suite dessiner les corps nus avant de les vêtir sur le tableau final. Voilà ce que l’exposition montre grâce à tous ces croquis et feuilles d’étude, ainsi que cette attention aux gestes, ce désir de dégager des formes « sa pure essence »comme le dira Octave Mirbeau, chose toute à fait inédite à l’époque. Scènes de guerre au Moyen Age montre des corps nus se tordant, avec un réalisme que l’on retrouve plus tard dans ces scènes intimes de toilette ou de bordels avec des filles de joie simplement vêtus de bas-jamais montrés au public-, attendant le client sur les canapés. Dans toutes ces toiles, la violence faite aux femmes, exacerbée car uniquement suggéré dans la tension comme dans  Scène d’Intérieur ou Le Viol-la femme assise de dos et l’homme devant la porte. Sa vue baissant, les sculptures remplacent les toiles avec toujours cette attention à la morphologie, plus intéressé par le mouvement que les détails d’où son talent pour immortaliser avec de la cire les jeunes danseuses. Les derniers dessins sont d’une modernité incroyable ouvrant la voie à Matisse et Picasso et confirmant que Degas fut un immense artiste.

LM

Musée d’Orsay jusqu’au 1er juillet

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