24 novembre 2018
Le mépris

 

Vu par Godard, le mépris était magnétique à l’image des fesses de Brigitte Bardot. Pour les gilets jaunes, ces milliers d’anonymes aux visages graves et dignes, c’est l « arrogance » de Macron qui ne passe plus. Stigmatisée par son Ministre de l’Intérieur lorsque Christophe Castaner a osé parler samedi dernier de « dérive totale (et) d’un très grand nombre de blessés »-(une quarantaine dans tous le pays, nrdl),  tandis que Bruno Le Maire, Ministre de l’Economie,  annonçait « qu’il n’y aurait aucune mesure d’aide financière » pour cette France qui se lève aux aurores quand elle ne dort pas sur place pour bloquer les routes car « ce n’est pas quelques centimes qui changeront les choses ». Une semaine après, le déferlement est là, la vague jaune est en route vers l’Elysée comme le peuple vers Versailles en 1789, avec drapeaux du Che Guevara et premier dépavage sur les Champs Elysées. Cela malgré la tentative du gouvernement de les faire passer pour des violents, relayée par nombre de médias samedi dernier, confirmant leur proximité avec le pouvoir et la scission entre cette France qui reste sur le bord de la route- en panne.  Et qui entend enfin devenir « visible », à l’image de ce gilet qui signale que l’on est en danger.

La France renoue avec les jacqueries 

Alors ce samedi 24 novembre, ils bloquent les centres commerciaux- mais pas leurs employés- pour ce week-end  de black friday; ils montent à Paris, les gilets cachés dans un sac, branchés sur les réseaux sociaux, un « automne français » à l’image des printemps arabes tandis qu’ Emmanuel Macron- « ce président hors sol »  annonce promettre dans son discours prévu mardi prochain devant des « invités »-sic, des nouvelles chaudières ou des primes à des voitures écologiques. A croire qu’il ne regarde pas les journaux télévisés qui ont relaté toute la journée d’hier comment certains gilets jaunes ne pourraient même pas monter à Paris- certains étant à quinze euros près, « cet argent on en a besoin pour payer notre essence pour travailler ». 

« On a tout Paris pour nous »

Face à eux, 3 000 policiers ont été mobilisés- 1000 de plus que pour Trump et Poutine le 11 novembre dernier pour bloquer le secteur de la Concorde, de l’Elysée et des centres de pouvoir.« Qu’il gardent leur petite place, nous on a tout Paris! ». On dirait du Arletty, du Prévert; 77 % des Français (trois points de plus qu’il y a trois jours) ne s’y sont d’ailleurs pas trompés selon un dernier sondage Odoxa, soutenant ces hommes et femmes auxquels on tend enfin des micros, s’exprimant la plupart avec un bon sens revigorant. Des maires ont affrété des cars, des chauffeurs les conduisent bénévolement comme ces « Robin des bus », on lève les barrières des péages, ce samedi, la France est en marche. Mais elle est bien différente de celle d’un certain Macron, élu il y a un an pour « tout changer ». A croire qu’il va y arriver, mais d’une façon bien différente qu’il l’avait imaginé.

Par Laetitia Monsacré

Jim et toute sa famille mobilisée!

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