5 novembre 2012
Le Goncourt sort de la bouche des lycéens

Après les « professionnels de la profession » comme on dit, voilà les lycéens! Jeudi 15 novembre, à la Fnac de Rennes, là où tout a commencé il y a 25 ans, et huit jours après la proclamation du Goncourt 2012, ce sera au tour des 15-18 ans de désigner l’élu de leur « cœur », entre les onze romans en lice – les mêmes que pour l’avant dernière liste de leurs ainés.
Le résultat de deux mois de lecture, un vrai « marathon » littéraire qui a été autant vécu par les enseignants que par leurs élèves! Les établissements scolaires sont d’ailleurs sélectionnés par le rectorat en fonction de l’entrain des professeurs… `

A l’arrivée, quarante cinq lycées sélectionnés dans la France entière,  généraux ou techniques, de villes ou de campagnes, avec à la clé pour ces 2000 jeunes lecteurs, sept rencontres régionales pour rencontrer des auteurs encore bien vivants, une fois n’est pas coutume…et au final, choisirent  leurs trois livres préférés. L’occasion, comme le confirme Isabelle Savean, enseignante au lycée Emile Zola de Rennes« de créer une émulation dans les débats sur les livres, et surtout de forger un sentiment d’appartenance au « groupe-classe », chaque élève, d’une façon ou d’une autre, se trouvant impliqué dans le projet avec fierté ». La solution miracle pour susciter à nouveau l’envie de lire chez les jeunes ?

Défendre son tiercé gagnant

Le « combat » régional a lieu mardi 13 novembre, dans six villes de France; chaque clan devra plaider pour son tiercé gagnant et convaincre les autres. Au sortir de cette » joute » verbale, le meilleur orateur sera nommé porte-parole pour proclamer le lauréat 2012 à 12h30-comme chez Drouant, sauf que là ce sera le jeudi 15, à Rennes, où le lauréat viendra rencontrer les lycéens le lendemain.
Mais plus qu’un énième prix, ce Goncourt des lycéens sous le parrainage de Pierre Assouline, membre du jury des « grands « par ailleurs, est pour beaucoup d’élèves, l’occasion de découvrir que les écrivains sont  des « vrais gens ». Damien Lagarde, élève de Première S au Lycée La Providence  en Seine Maritime, s’étonne ainsi: «Je  les imaginais beaucoup moins humains. Je pensais qu’ils vivaient, en quelque sorte, dans un monde parallèle ».
Quant à savoir comment ils évaluent leur capacité à juger d’un livre, Cecile Delacotte, élève de Terminale Littéraire , répond avec assurance que comme elle,« la plupart des lecteurs de ces auteurs sont des gens comme nous qui lisent par passion, et non des experts de la littérature». Pour elle comme pour tout lecteur lambda, l’important c’est de ressentir des émotions : « Un livre c’est un voyage, on apprend à connaître des personnages, et ce que j’apprécie particulièrement c’est d’avoir les larmes aux yeux ou d’avoir envie de rire seule grâce à eux. »

Les qualités humaines des auteurs

Les prendre au sérieux, soit. Plus encore, ils peuvent être révélateurs de vérité. « Les élèves posent des questions plus inattendues et décomplexées que les adultes », confie Ophélie Surelle, responsable de ce projet à la Fnac. « Les écrivains, touchés, avouent ne jamais s’être posés de telles questions ». Lors de la rencontre à la BNF à Paris le 22 octobre dernier, un élève n’a ainsi pas hésité à demander à Joy Sorman, auteur de Comme une bête qui raconte le quotidien d’un boucher si elle était « dingue de viande ». Ainsi, « ce ne sont plus des « auteurs », mais des personnes qui deviennent réelles pour les élèves, et ils en parlent à la fin comme d’un ami, avec sympathie ou antipathie ! » confie un professeur de français de Rennes. Ainsi, ce seront peut être plutôt les valeurs humaines et la capacité à  expliciter son œuvre qui vont faire pencher la balance…Et élire celui ou celle qui remplacera Carole Martinez et son très beau domaine des Murmures, lauréat de l’an dernier.

Par Elodie Terrassin

Infos sur fnac.com-goncourt lycéens avec interview des auteurs de la dernière sélection

Articles similaires