11 octobre 2011
Karl Lagerfeld, Un amour de Kaiser

Karl est partout. Sur les bouteilles de Coca Light, boisson pour laquelle il a réinventé le principe du porteur de verre avec d’ éphèbes assistants; dans la presse avec le lancement de sa dernière fragrance cette semaine , Kaleidoscope,  et la semaine dernière avec son dernier -aquatique et toujours magnifique- défilé au Grand Palais ( Prêt à Porter printemps-été 2012 ) pour la maison Chanel dont il assure depuis 28 ans le stylisme, et sur les cimaises comme au récent  salon de la photo pour lequel il a sélectionné dans le fond de la Maison Européenne de la Photographie des portraits de Jean Louis Sieff, Henri Cartier Bresson, Irving Penn ou encore Robert Doisneau,  la plupart en noir et blanc. Il a profité de cette occasion pour  réaliser lui même une série  en grand format où l’on retrouve Claudia Schiffer, Jane Birkin ou encore Lilly Allen.

Il s’est prêté,  avec une gentillesse très « germanique » et grâce à Caroline Lebar, son  assistante aux allures de Sigourney Weaver,   à l’exercice de répondre à nos questions et  parler de son travail de photographe , nous apprenant avec malice que,  ce que nous nommons en France une capote anglaise s’appelle en allemand … »der pariser ».

« Quel est pour vous le bon portrait?  »

C’est une photo qui montre la personne telle qu’elle est, sachant qu’il y a les degrés entre le portrait de représentation et celui de sincérité la montrant telle qu’elle est.

Préférez-vous photographier les hommes ou les femmes?

J’ai plus l’habitude des femmes. (là, au risque de commettre in crime de lèse majesté, je lui dit qu’il ne répond pas à ma question). A vrai dire pour la mode, je préfère photographier les femmes. Pour les portraits, ça m’est égal, ça dépend de l’homme ou de la femme que je vais photographier, mais  je n’ai pas de préférence ( ce qui lorsque l’on connait le personnage semble assez étonnant…). Et je fais très peu d’animaux ( là, on ne saura pas pourquoi).

Comment avez vous choisi parmi la multitude de clichés extraordinaires que détient  la Maison Européenne de la photographie ceux qui sont présentés ici?

Je connais bien l’histoire de la photographie au point de pouvoir choisir en « aveugle »… Vous savez, je suis Google dans ma tête! Je pouvais leur décrire chaque image sans même regarder la documentation. Il y avait des trucs iconiques que tout le monde connait mais qui ne perdent pas pour autant de leur valeur parce qu’elles sont connues. Au contraire, elle en gagnent car elles sont le symbole d’une époque, d’un talent- c’est ça qui est formidable.

Je vais faire mon Bernard Pivot, quand vous arriverez au ciel,  préféreriez vous qu’il vous félicite d’avoir été un grand photographe ou un grand styliste?

Je ne suis pas croyant,  je ne risque donc pas d’arriver là bas.  Non, c’est un tout. Je suis un espèce d’amateur très professionnel qui se moque de la postérité. Il n’y a pas d’avant ni d’après. La vie, c’est juste un rêve qu’il faut faire en étant bien éveillé.

Vous semblez  vous sentir dans la vie comme un poisson dans l’eau, c’est ça qui vous a donné l’idée d’un aquarium pour  dernier défilé Chanel?

Oui, oui, d’ailleurs je ne mange que du poisson, je ne mange pas de viande. Et j’adore les coquillages.

Réponse un peu surréaliste d’un artiste- un vrai- qui est entré en 2007 dans le dictionnaire Larousse sans jamais  cesser d’être jeune -voir le site www.karllargelfeld.com  ni de se renouveller. Et d’un homme qui, s’il disait ne pas chercher dans la vie à être gentil (revoir le très bon film documentaire Lagerfeld Confidentiel de Rodolphe Marconi sorti en DVD en juin 2008 ) est,  à l’aube de ses 80 ans,  (vous avez bien lu,  il n’y ni faute de frappe ni d’erreur sur les dates- après enquête, c’est bien en 1933 qu’est né Karl Lagerfeld même s’il se  rajeunit volontiers-à juste titre!) devenu un monsieur tout à fait abordable sans aller quand même à nous faire écrire adorable…De toutes façons, il n’aimerait pas.

par Laetitia Monsacré

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