12 novembre 2011
La photo dans tous ses états


Au moins-pour qui veut tout voir- n’y a-t-il  pas d’étage comme lors de la FIAC en octobre dernier. Ni de off à proximité avec les tentes de Art Paris qui ont le don d’exaspérer le Groupe Reed, grand ordonnateur de salons et autres manifestations d’envergure, transformant ainsi le Grand Palais en véritable Fort Knox avec forces barrières. Il faut dire qu’il y a la foule des grands jours pour payer 25 euros trois jours durant et accéder à cette grande messe qu’est devenue Paris Photo avec ses 118 galeries et ces milliers de clichés, petites vignettes ou grand format, en couleur ou noir et blanc, retravaillés ou pris au vol, de noms illustres ou d’artistes « prometteurs » bref tout ce qui se fait en matière de photographie. Et c’est vrai qu’il en faut du temps entre les expositions qui mettent en valeur l’Afrique pour cette 15ème édition- la première sous la verrière du Grand Palais- avec son nouveau président Julien Frydman, ancien directeur de la célèbre agence Magnum Paris et tous ces stands qui proposent leur sélection aux prix variés. Une montée en puissance certaine avec La Tate Modern plus le Musée de l’Elysée de Lausanne (et son important fond Charlie Chaplin) ainsi que les très belles photos grand format autour de l’eau selectionnées autour de projets humanitaires soutenus par Armani ou encore la collection privée des Whalter qui ont investi les cimaises d’un important espace d’exposition avec notamment les photos de la grande photographe africaine Seydou Keita ( on la retrouve en vente à la Galerie du jour Agnès B). Autre hommage à la photographie en Afrique, le très bel accrochage des « Rencontres de Bamako » réalisé avec le soutien de l’Institut Français. Ainsi, lorsque l’on sait qu’un photographe au Mali vit avec 100 dollars par mois, on comprend le décalage qu’il peut y avoir entre les artistes représentés dans ce genre de foire internationale où la photo Cosima et les éléphants de Richard Avedon (en une du Pariser) est à vendre 390 000 dollars.

Des choix artistiques ou économiques

Une différence qui se retrouve dans les galeries qui doivent s’acquitter en moyenne de 20 000 euros pour s’offrir un stand et donc privilégier les artistes qui se vendent au détriment des moins connus. Aussi dans la galerie madrilène Guillermo de Osma, faut-il une artiste reconnue comme Germaine Krull « La Walkyrie de fer »avec des prix avoisinant les 5 à 14 000 euros pour que les magnifiques photos d’un artiste espagnol méconnu, contemporain de Doisneau et mort trop jeune, José Alemany puissent être exposées. Pareil pour la galerie Camera Obscura qui avec Paolo Roversi et Sarah Moon-environ 12 000 euros le cliché donne à voir le magnifique travail de Bernard Deschamps, moins connu. D’autres choisissent  de n’exposer qu’un artiste comme la galerie Michèle Chomette du nom de sa créatrice passionnée qui présente de magnifiques photos en noir et blanc de Pierre Jahan prises entre 1930 et 1950- ne manquez pas la série de ce couple nu et enlacé ou ces statues déboulonnées par les allemands pendant la guerre pour en refondre le bronze en canon. Nouveaux venus, des poids lourds comme les américains Frankael Gallery- Diane Arbus- et Gagosian Gallery- Richard Avedon grand format ou  Cy Twombly en petit format pour des prix que seuls doivent pouvoir s’offrir les VIP acheminés par la flotte de limousines Paris Photo et qui jouissent d’ une entrée réservée, et d’un salon panoramique. Un univers encore bien décalé en comparaison du travail justement récompensé par le grand Prix SFR jeunes talent de Marin Hock, jeune photographe belge qui  a photographié avec une grâce extrême des jeunes dans un centre de psychothérapie près de Charleroi « La Devinière » où on les laisse libres en essayant d’éviter les médicaments. Berlin, Amsterdam, Ljublana, Londres, Helsinki- la galerie Taik présente une série remarquable d’une artiste finlandaise Jorma Purannem , Osaka mais également Montreuil comme la Galerie Lumière des Roses-née de la volonté de passionnés ayant quitté le monde du cinéma-qui offre une superbe sélection de clichés esprit XIXeme, c’est un véritable tour de le planète  » photo » que vous vous offrirez au lieu de ces cimaises  mitraillées par les I phone- paradoxe amusant de photos prises en photo…

par Laetitia Monsacré

Photo en une: Cosima et les éléphants, robe Dior, Cirque d’Hiver, Paris, August 1955 © The Richard Avedon Foundation
Photo en tête d’article Léon Nyaba Ouedraogo- » L’enfer du cuivre »

 

Mat Collishaw, artiste anglais a recrée dans l’esprit des peintres flamands des natures mortes inspirées des plateaux repas des actuels condamnés à mort- Gallery Analix Forever à Genève

Marin Hock, « D’une tristesse l’autre »

Jorma Puranen,  « Reflection and all that sort of thing » à la Gallery Taik

Pierre Jahan « la mort et les statues » existe en livre écrit avec Jean Cocteau aux Editions de l’amateur- Galerie Michèle Chomette

José Alemany à la Galerie Guillermo de Osma

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